Seth Messenger : Citations de Alice Miller

Alice Miller a dit :

(Langue maternelle)
Alice Miller
(Citations)
#40392
p. 215 Les traités d'éducation conseillent toujours de ne pas "gâter" les enfants par trop d'amour et de délicatesse (ce qu'ils appellent "l'amour mièvre"), mais au contraire de les endurcir pour les préparer dès le départ à la vraie vie. Les psychanalystes l'expriment différemment en disant qu'il faut "préparer l'enfant à supporter les frustrations", comme si un enfant ne pouvait pas l'apprendre tout seul dans l'existence. En fait, c'est exactement l'inverse : un enfant qui à reçu une véritable affection arrivera mieux à s'en passer, une fois adulte, que quelqu'un qui n'en a jamais bénéficié. Lorsqu'une personne est "avide" d'affection, c'est donc toujours le signe qu'elle cherche quelque chose qu'elle n'a jamais eu et non qu'elle ne veut pas renoncer à quelque chose qu'elle a eu en trop grande abondance dans son enfance. Quelque chose peut de l'extérieur paraître une faveur sans en être une. Un enfant peut être comblé de nourriture, de jouets, de soins sans pour autant avoir jamais été reconnu et respecté pour ce qu'il était.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40393
Ne pas avoir de souvenirs de son enfance, c'est comme si tu étais condamné à trimballer en permanence une caisse dont tu ne connais pas le contenu. Et plus tu vieillis, plus elle te paraît lourde, et plus tu deviens impatient d'ouvrir enfin ce truc. Jurek Becker (p74)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40394
Les émotions bannies se frayent un chemin et viennent assaillir le corps. (P133)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40395
La haine ne rend pas malade. C'est vrai de la haine refoulée, déconnectée, mais non du sentiment vécu consciemment et exprimé. Adultes, nous n'éprouvons de la haine que lorsque perdure une situation où l'expression de nos sentiments nous est refusée. Dans cet état de dépendance, nous commençons à haïr. Dès que nous en sortons (et l'adulte le peut dans la plupart des cas, sauf s'il est prisonnier d'un régime totalitaire), dès que nous nous délivrons de cet esclavage, la haine s'évanouit. Mais tant qu'il demeure, il ne sert à rien de s'interdire de haïr, comme le prescrivent toutes les religions. Il faut comprendre ce qui se passe pour pouvoir adopter ce comportement qui nous libère de la dépendance génératrice de haine.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40396
Une fois que nous aurons appris à vivre avec nos sentiments au lieu de les combattre, les manifestations de notre corps ne nous apparaîtront plus comme une menace, mais comme de salutaires rappels de notre histoire. (P115)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40397
Nous savons aujourd’hui, à l’âge adulte, que nous avons été mystifiés, que nous n’avons reçu, en échange de nos efforts, qu’un semblant d’amour. Pourquoi, alors, nous obstinons-nous à escompter que des gens qui, pour quelque motif que ce soit, n’ont pu nous aimer finiront par le faire.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40398
La colère contre les parents, rigoureusement interdite mais très intense chez l’enfant, est transférée sur d’autres êtres et sur son propre soi, mais elle n’est pas éliminée du monde, au contraire : par la possibilité qui lui est donnée de se déverser sur les enfants, elle se répand dans le monde entier comme une peste.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40399
Lorsque, dans notre jeune âge, nous avons affaire à des adultes qui n'essaient jamais d'être au clair avec leurs propres sentiments, nous sommes confrontés à un chaos extrêmement insécurisant. Pour échapper à ce désarroi et à ce sentiment d'insécurité, nous recourons aux mécanismes de la déconnexion et du refoulement. Nous ne ressentons aucune peur, nous aimons nos parents, avons confiance en eux et essayons en toute occasion de nous conformer à leurs désirs afin qu'ils soient contents de nous. C'est plus tard, seulement à l'âge adulte, que cette peur se manifeste, généralement dans notre couple, et nous ne comprenons pas ce qui se passe. Comme dans notre enfance, nous voulons, ici aussi, afin d'être aimé, accepter les contradictions de l'autre sans souffler mot.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40400
Des relations qui ne reposent que sur une communication faussée par la présence d'un masque ne peuvent se transformer, elles restent ce qu'elles ont toujours été: une pseudo-communication. Une vraie relation n'est possible que lorsqu'on parvient des deux côtés à s'autoriser ses sentiments, à les vivre et à les exprimer sans crainte.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40401
p. 77 Dans ce qui va suivre, j'utiliserai la notion de "pédagogie noire" pour désigner cette attitude hautement complexe, le contexte permettant chaque fois de comprendre quel aspect je fais passer au premier plan. Les différents aspects caractéristiques ressortent directement des citations précédentes qui nous enseignent les principes suivants : 1.que les adultes sont les maîtres (et non pas les serviteurs!) de l'enfant encore dépendant ; 2.qu'ils tranchent du bien et du mal comme des dieux ; 3.que leur colère est le produit de leurs propres conflits ; 4.qu'ils en rendent l'enfant responsable ; 5.que les parents ont toujours besoin d'être protégés ; 6.que les sentiments vifs qu'éprouve l'enfant pour son maître constituent un danger ; 7.qu'il faut le plus tôt possible "ôter à l'enfant sa volonté" ; 8.que tout cela doit se faire très tôt de manière à ce que l'enfant "ne s'aperçoivent de rien" et ne puisse pas trahir l'adulte. L'une des méthodes de la "pédagogie noire" consiste également à transmettre dès le départ à l'enfant des informations et des opinions fausses. Ces dernières se transmettent depuis des générations et sont respectueusement reprises à leur compte par les enfants, alors que non seulement leur validité n'est pas prouvée, mais qu'il est prouvé qu'elles sont fausses. Entre autres opinions erronées, on peut citer par exemple les principes selon lesquels ; 1.le sentiment du devoir engendre l'amour ; 2.on peut tuer la haine par des interdits ; 3.les parent méritent a priori le respect en tant que parents ; 4.les enfants ne méritent a priori aucun respect ; 5.l'obéissance rend fort ; 6.un sentiment élevé de sa propre valeur est nuisible ; 7.un faible sentiment de sa propre valeur est nuisible ; 8.les marques de tendresse sont nocives (mièvrerie) ; 9.il ne faut pas céder aux besoins de l'enfant ; 10.la dureté et la froideur sont une bonne préparation à l'existence ; 11.une reconnaissance simulée vaut mieux qu'une sincère absence de reconnaissance ; 12.l'apparence est plus importante que l'être ; 13.les parents ni Dieu ne pourraient supporter la moindre injure ; 14.les corps est quelque chose de sale et de dégoûtant ; 15.la vivacité des sentiments est nuisible ; 16.les parents sont des êtres dénués de pulsions et exempts de toute culpabilité ; 17.les parents ont toujours raison.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40406
Toutes les victimes ne deviennent pas bourreaux. Mais tous les bourreaux ont été victimes.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40407
Ma mère avait coutume, pour me punir, de ne pas m’adresser la parole des journées entières, et je me sentais perpétuellement sous la menace de ce silence.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40408
Pour se défendre du sentiment d'abandon vécu dans la petite enfance, l'adulte dispose d'un grand nombre de mécanismes. A côté du simple déni, nous trouvons le plus souvent le combat perpétuel, épuisant, pour assouvir les besoins refoulés, et depuis lors pervertis, à l'aide de symboles: drogues, groupes, cultes de toutes sortes, perversions. Les intellectualisations sont également fréquente, car elles offrent une protection très fiable, qui peut cependant avoir des effets funestes si le corps - comme c'est le cas dans les maladies graves - prend les commandes. Tous ces mécanismes de défense s'accompagnent du refoulement de la situation initiale et des sentiments s'y rapportant.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40409
L’enfant se conduit de manière à ne montrer que ce que l’on attend de lui, et il s’identifie complètement avec cette apparence. Son vrai Soi ne peut se développer et se différencier car il ne peut pas être vécu. Rien de surprenant à ce que ces patients se plaignent d’un sentiment de vide, disent que leur existence leur paraît dénuée de sens, qu’ils ne se sentent chez eux nulle part. Ce vide est réel. Il s’est effectivement produit un tarissement, un appauvrissement, un étouffement partiel de leurs possibilités. L’enfant a été blessé dans son intégrité, et cela l’a amputé de sa spontanéité, de son élan vital. Ces enfants font parfois des rêves où ils se voient à demi morts.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40410
Les enfants d'aujourd'hui seront les citoyens de demain. Ils n'ont pas pu se défendre contre les agressions de leurs parents, ils étaient en détresse, ils devaient réprimer profondément leur colère pour éviter de nouveaux coups/punitions. Mais devenus adultes cette colère se réveille et s'adresse en particulier à leurs propres enfants, mais aussi à d'autres personnes qu'on peut utiliser impunément comme boucs émissaires. Dans une position supérieure il est même possible de manipuler un peuple entier pour déverser sa colère accumulée envers des millions de personnes. Dans mon livre "Abattre le mur du silence" j'ai pris l'exemple de Ceausescu en m'aidant de nombreux détails du fonctionnement de son régime en Roumanie. De nombreuses personnes répriment leur colère envers les autres, mais s'auto punissent pour ce qu'on leur a fait, comme ils ont appris dans leur enfance et comme leurs religions les y obligent. Ils tombent malades, sont dépendants de drogues et médicaments et souffrent de dépressions. Ils s'en accommodent pour ne jamais accuser leurs parents.

Alice Miller
(Abattre le mur du silence)


#40411
Lorsqu'un être humain essaie de ressentir ce qu'il doit ressentir, et s' interdit d'éprouver ce qu'il ressent réellement, il tombe malade. À moins qu'il ne fasse payer la facrure à ses enfants, en projetant sur eux ses émotions refoulées. (P11)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40412
Vera a raison.Nous,les adultes,nous n'avons pas besoin d'un amour inconditionnel . Pas même de la part de notre thérapeute . C'est là un besoin infantile , impossible à assouvir par la suite . Qui n'a pas pleuré cette perte dans son enfance se nourrit d'illusions . Notre thérapeute doit faire preuve d'honnêteté , de respect , de confiance , d'empathie et de compréhension à notre égard , nous avons besoin de sa capacité à tirer au clair ses propres sentiments et à ne pas nous en faire porter le poids .Et tout cela , nous pouvons l'obtenir . Mais si quelqu'un nous promet de nous aimer " inconditionnellement ", peut-être devrions-nous nous méfier .Vera a enfin trouvé ce qu'elle avait vainement cherché si longtemps , elle le doit à sa ferme résolution de trouver la vérité et de ne plus se laisser tromper .Les signaux de son corps l'ont aidée dans cette voie .

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40413
Comment définissez-vous la notion de "maltraitance des enfants" ? Pour moi il s'agit de maltraitance quand un enfant n'est pas respecté, est humilié, trompé ou abusé sexuellement. D'ailleurs, dans tous ces cas on ne me contredit que rarement. Par contre, je n'arrive pas à informer les parents sur le fait que frapper un enfant constitue un cas de maltraitance qui n'est pas dénué de conséquences. Partout on appelle cette pratique éducation. On pratique les châtiments corporels depuis des millénaires et on les considère comme une manière d'éduquer au mieux les enfants. Presque tous les parents d'aujourd'hui ont été battus quand ils étaient enfants et malheureusement ils étaient obligés d'apprendre très tôt de leurs parents que cette pratique était inoffensive et juste. Alors, cette "connaissance" erronée est enregistrée par le cerveau et la plupart des gens ont de la peine à l’effacer. Comprendre le contraire, cela signifierait de remettre en question leurs propres parents et cela effraierait la plupart des gens. Ils s'attendent à être punis justement parce que la vérité était interdite à l’enfant.

Alice Miller
(Source inconnue)


#40414
A voir la passion avec laquelle les ecclésiastiques catholiques – des hommes ayant choisi de ne pas avoir d’enfants – combattent l’avortement, l’on est amené à se demander ce qui les pousse. S’agit-il de montrer que la vie non vécue – à l’instar peut-être de leur propre destin – est plus importante et plus précieuse que la vie vécue ? Est-ce peut-être l’opinion des parents des adversaires virulents de l’avortement, bien qu’ils l’aient formulée autrement ? Ou bien s’agit-il d’infliger à d’autres le sort que l’on a soi-même connu ? Toutes ces motivations sont possibles, et identiquement dangereuses, car elles poussent, dans les ténèbres du refoulement, à des actions aveugles et destructrices.

Alice Miller
(Abattre le mur du silence)


#40415
A un certain stade de sa thérapie, Linda, 42 ans, s'éprit d'un homme plus âgé qu'elle, intelligent et sensible, mais qui, l'érotisme mis à part, se fermait automatiquement à tout ce qu'il ne pouvait saisir intellectuellement. C'est précisément à cet homme qu'elle écrivait de longues lettres, essayant de lui expliquer le chemin qu'elle avait parcouru dans la thérapie. Elle réussit à ignorer tous les signes montrant sa répugnance et redoubla d'efforts, jusqu'au moment où elle dut s'avouer qu'elle avait de nouveau trouvé un substitut de son père, et, de ce fait, était incapable de renoncer à l'espoir d'être enfin comprise. Elle en fut submergée de terribles sentiments de honte, qui la rongèrent pendant assez longtemps. Elle dit un jour : "je me trouve aussi ridicule que si j'avais parlé à un mur et attendu qu'il me réponde. Comme un stupide enfant". Je lui demandais : "Est-ce que vous, vous ririez à la vue d'un enfant qui doit confier sa peine à un mur parce qu'il n'a personne d'autre ?" Les sanglots désespérés qu'entraîna ma question ouvrirent à ma patiente l'accès à une partie de son véritable passé, qui avait été marqué par une infinie solitude.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40416
J'estime que pour pouvoir aimer, il nous faut avoir le droit d'être ce que nous sommes : sans échappatoires, sans masques, sans façade.

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40417
Ce livre traite principalement du conflit entre ce que nous ressentons et savons, puisque cela reste enregistré dans notre corps, et ce que nous voudrions ressentir pour nous conformer aux normes morales gravées en nous dès le plus jeune âge.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40418
J'ai essayé de me fabriquer de bons sentiments et d'ignorer les mauvais, pour rester en accord avec la morale et le système de valeurs que j'avais accepté. En réalité pour être aimée en tant que fille. Ce fut en pure perte : au bout du compte, il m'a bien fallu reconnaître que je ne puis créer d'amour sur commande et qu'en revanche il naît spontanément en moi, dès lors que je ne m'y force pas et ne tente pas de me conformer à des préceptes moraux. Pour aimer vraiment j'ai besoin de me sentir libre et d'accepter tous mes sentiments, fussent-ils négatifs.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40419
Tant que l'on méprise l'autre et que l'on survalorise la performance, on échappe au chagrin de n'avoir été aimé que pour ses performances. La grandiosité préserve l'illusion d'avoir été aimé. Mais, en évitant ce chagrin, on reste, au fond de soi, l'être méprisé.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40420
La paix à laquelle tant d'êtres humains aspirent ne peut nous être donnée de l'extérieur.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40421
"Cependant, plus on avance en âge, plus il devient difficile de trouver auprès d'autrui l'amour parental qui nous a fait défaut durant nos premières années. Pour autant, les attentes ne disparaîtront pas, bien au contraire: elles seront simplement transférées, principalement sur les enfants et petit-enfants. A moins que nous ne prenions conscience de ces mécanismes et n'essayions, par la levée du refoulement et l'abandon du déni, de regarder aussi exactement que possible la réalité de notre enfance. C'est à cette condition que nous pouvons alors construire en nous l'être capable de satisfaire les besoins qui depuis notre naissance, et parfois même avant, attendre d'être assouvis. C'est alors que nous pouvons nous accorder à nous-mêmes l'attention, le respect, la compréhension, la nécessaire protection et l'amour inconditionnel que nos parents nous ont refusés. Pour arriver à ce résultat, nous avons besoin de vivre l'expérience de l'amour pour l'enfant que nous fûmes, sinon nous ne saurons pas ce que signifie le mot aimer. Si nous cherchons à l'apprendre dans le cadre d'une thérapie, il nous faudra quelqu'un qui puisse nous accepter comme nous sommes, nous accompagner et nous protéger avec respect et sympathie, nous aider à comprendre pourquoi nous sommes devenus ce que nous sommes. Cette expérience fondamentale est indispensable pour nous permettre d'assumer le rôle parental envers l'enfant maltraité enfoui en nous. Un éducateur désireux de nous modeler sera incapable de nous la faire vivre, tout comme un psychanalyste qui croirait que, face aux traumatismes de l'enfance, il faut rester neutre et interpréter nos récits comme autant de fantasmes. Non, ce dont nous avons besoin, c'est exactement le contraire, à savoir d'un accompagnateur engagé, capable de partager notre horreur et notre indignation lorsque nos émotions nous feront découvrir ensemble nos souffrances de petit enfant -tout ce que nous avons pu endurer, parfois dans une totale solitude, lorsque notre âme et notre corps luttaient pour survivre. Nous avons besoin d'un pareil accompagnateur, que je nomme témoin lucide, pour rejoindre et assister cet enfant qui est en nous, pour nous faire déchiffrer notre langage corporel et répondre à nos besoins, au lieu de les ignorer, comme ce fut longtemps le cas, comme le firent autrefois nos parents. J'insiste sur ce point. Avec l'aide d'un accompagnateur compétent, non pas neutre mais notre allié, ils est possible de trouver sa vérité.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40426
J’ai raconté à Suzanne que Klaus [un ami] me tape parfois sur les nerfs, sans que je sache pourquoi. Pourtant, je l’aime. Je me mets toujours en rogne pour des petits choses, et après je me le reproche. Il est plein de bonnes intentions, dit qu’il m’aime et je sais qu’il tient beaucoup à moi. Pourquoi ai-je donc l’esprit si mesquin ? Pourquoi est-ce que je m’agace pour des broutilles ? Pourquoi ne puis-je être plus généreuse ? […] J’avais écrit à Klaus une longue missive où j’essayais de dire combien je me sens mal quand il veut me dissuader de mes sentiments […]. […] Il ne m’a pas répondu tout de suite. J’appréhendais déjà sa colère, son exaspération devant mes incessantes ruminations, son rejet, mais je m’attendais quand même à une réaction. Au lieu de quoi, j’ai reçu, au bout d’une huitaine de jours, une lettre qui m’a absolument stupéfaite. Il me remerciait de la mienne, mais sans un mot sur son contenu. En revanche, il me racontait ses vacances, ses projets de randonnées en montagne, me parlait des gens avec qui il sortait le soir. J’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. […] Pour la première fois, j’ai clairement pris conscience que durant toute mon enfance je n’avais connu que cela, cette sensation d’être détruite dans mon âme. Ce qui m’arrivait maintenant avec Klaus, qui ignorait purement et simplement ma lettre, n’était pas une expérience nouvelle. Je connaissais ça de longue date. […] L’anorexie répétait sans relâche : « Je meurs de faim parce que personne ne veut me parler. » […] Plus je perce à jour, à travers mes souvenirs, le comportement de mon père, plus je comprends l’origine de mon attachement à Klaus et à d’autres amis du même genre.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40427
Dans mon enfance, j’ai dû apprendre à réprimer mes réactions les plus naturelles aux blessures (par exemple la rage, la colère, la douleur ou la peur), de crainte d’une punition. Plus tard, à l’école, je fus même fière de mon aptitude à la maîtrise de soi et à la retenue. Je prenais cette capacité pour une vertu, et en attendais autant de mon premier enfant. C’est seulement après avoir réussi à abandonner cette vue de l’esprit que je parvins à comprendre la souffrance d’un enfant auquel on interdit de réagir de manière appropriée à une blessure. On l’empêche ainsi d’expérimenter, dans un entourage bienveillant, la façon de se comporter envers ses émotions, afin que plus tard, au lieu de craindre ses sentiments, il puisse s’appuyer sur eux pour mieux s’orienter dans la vie.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40428
Hitler a fait savoir au monde entier, par son comportement, comment son beau-père l’avait traité enfant : avec une barbarie destructrice, sans pitié, en despote insensible, bouffi d’orgueil, vantard, pervers, narcissique, qui plus est stupide. En l’imitant inconsciemment, le fils lui restait fidèle. […] Le tyran sans scrupules assoit en effet son autorité sur les peurs refoulées des anciens enfants battus qui n’ont jamais pu accuser leur père, ne le peuvent toujours pas, et, en dépit des tortures qu’il leur a infligées, lui restent fidèles. […] Plus les crimes d’un tyran sont énormes, plus il peut, apparemment, compter sur une large tolérance, tant que, chez ses admirateurs, l’accès aux souffrances de leur propre enfance reste hermétiquement verrouillé.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40429
Ne pas avoir de souvenirs de son enfance, c'est comme si tu étais condamné à trimballer en permanence une caisse dont tu ne connais pas le contenu. Et plus tu vieillis, plus elle te paraît lourde, et plus tu deviens impatient d'ouvrir enfin ce truc. Jurek Becker

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40430
Nous ne haïssons que tant que nous nous sentons impuissants. p.83 Devenir adulte revient à cesser de nier la vérité, ressentir la souffrance refoulée, et aussi prendre connaissance dans sa tête, de l'histoire que le corps sait émotionnellement, l'intégrer et ne plus être contraint de la refouler. p.82 Il ne faut pas se contenter de savoir ce qui nous est arrivé, mais aussi nous montrer capable de mesurer ce que cela nous a fait. p.112

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40431
Mise au point de 1991 : Dix ans se écoulés depuis la parution de mes trois premiers livres : le drame de l'enfant doué, c'est pour ton bien, l'enfant sous terreur. Néanmoins, les faits et les connexions que j'y ai exposés, en me fondant sur de longues années de pratique, sont restés tout aussi valables et, malheureusement, actuels. Mais ce qui a radicalement changé, c'est mon attitude envers la psychanalyse, dont je me suis séparée depuis. Je me suis vue contrainte à cette démarche lorsque j'ai pris conscience que la théorie et la pratique psychanalytiques dissimulent ou travestissent les causes et les conséquences des mauvais traitements infligés aux enfants, notamment en qualifiant les faits de fantasmes. En outre, je le sais par expérience, de tels traitements peuvent être dangereux, car ils cimentent le désarroi issu des tourments de l'enfance au lieu d'y mettre fin.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40432
Selon moi, le « temps perdu » que recherche le narrateur [dans l'oeuvre de Proust], c’est cette vie des émotions fortes non vécues consciemment.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40433
Le sentiment de culpabilité m'étouffait presque quand je tentais de me dérober à l'exigence de devoir aider les autres et les sauver de leur désarroi. Je n'y ai réussi que très tard dans ma vie.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40434
Nous avons donc une fois de plus [...] le tableau de parents corrects et inoffensifs à qui, pour d'incompréhensibles raisons, le Bon Dieu ou le diable ont envoyé un monstre dans leur berceau. Mais les monstres ne tombent pas du ciel ou de l'enfer dans les salles-à-manger bourgeoises. Une fois que l'on connaît les mécanismes d'identification avec l'agresseur, de scission du moi, de projection et de transfert de ses propres problèmes de l'enfance sur son enfant, qui font de l'éducation une véritable persécution, on ne peut plus se contenter d'explications moyenâgeuses.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40435
Cette faculté du corps humain ne cesse de m' émerveiller. Il s'élève contre le mensonge avec une ténacité et une intelligence stupéfiantes. Les prescriptions morales et religieuses ne réussissent pas à le tromper ni à le désorienter. (p.105)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40436
Le recours délibéré à l’humiliation, qui satisfait les besoins de l’éducateur, détruit la conscience de soi par l’enfant et le rend incertain et complexé mais on le présente comme une bonne action.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40437
Il ne faut pas se contenter de savoir ce qu'il nous est arrivé, mais aussi nous montrer capable de mesurer ce que cela nous a fait.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40438
La première pierre de la toxicomanie est probablement posée tout au début de la vie, tout comme celle de la boulimie et des autres troubles alimentaires. Le corps notifie qu’il a eu absolument besoin de quelque chose, dans le passé, quand il était une minuscule petite créature. Or ce message est mal compris tant que les émotions demeurent hors circuit.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40439
J’ai saisi de plus en plus clairement à quel point mes efforts pour aimer quelqu’un qui avait gâché ma vie étaient toxiques. Car ils m’éloignaient de ma vérité, m’astreignaient à me tromper moi-même, à jouer le rôle qu’on m’avait imposé dès mon plus jeune âge, le rôle de la petite fille sage qui se soumet à des besoins émotionnels travestis en éducation et en morale.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40440
Les parents âgés, affaiblis, cherchent un soutien auprès de leurs enfants adultes et recourent à la culpabilisation pour obtenir leur pitié. C’est cette même compassion qui a peut être entravé dès le départ le développement personnel de l’enfant et qui continue à le faire.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40441
"On ne s'y prendra jamais de la bonne manière si l'on se règle sur les désirs des autres. L'on ne peut être que ce que l'on est, et on ne peut obliger nos parents à nous aimer. Il existe des parents qui ne peuvent aimer que le masque de leurs enfants, et sitôt que ce masque tombe, ils disent souvent: "Je voudrais seulement que tu restes comme avant."

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40444
Pour moi, le savoir et la conscience ont toujours été quelque chose de positif. Il me paraissait donc illogique que Dieu ait défendu à Adam et Eve de découvrir la différence essentielle entre le Bien et le Mal. (...) Je me refusais intuitivement à considérer l'obéissance comme une vertu, la curiosité comme un péché et l'ignorance de ce que sont le Bien et le Mal comme l'état idéal, car, pour moi, la pomme de la connaissance permettait d'identifier le Mal et, de ce fait, représentait une libération, donc le Bien. (p.15)

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40445
On ne peut aider quelqu'un qu'à la condition qu'il cherche de l'aide et se sache en état de détresse. Or la plupart des parents qui maltraitent gravement leurs enfants ne sont guère conscients de leur détresse. Ils n'éprouvent pas non plus de culpabilité, parce qu'ils n'ont connue que des traitements analogues dans leur enfance et qu'ils ont appris à considérer cela comme juste.

Alice Miller
(La connaissance interdite)


#40446
Je m'attache essentiellement aux premières expériences de la vie lorsque je cherche à comprendre les racines profondes d'un comportement de délinquance. En dépit de cet intérêt tout particulier, il m'est arrivé la chose suivante : après avoir rédigé tout ce chapitre et contrôlé les passages que j'avais retenu dans le livre, je m'aperçus que j'avais sauté le passage le plus important pour moi. C'était la citation sur les coups que recevait le bébé. L'omission de ce passage, qui revêtait pourtant pour moi une importance considérable puisqu'il confirmait ma thèse, m'a semblé prouver la difficulté que nous avions à nous représenter une mère en train de battre un bébé, à ne pas nous défendre de cette image et à en assumer pleinement les effets émotionnels. C'est sans doute la raison pour laquelle la psychanalyse s'occupe si peu de ces choses, et pour laquelle les conséquences de ces expériences de l'enfance ont été si peu étudiées.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40447
La nécessité intérieure de bâtir sans cesse de nouvelles illusions et de nouveaux dénis pour éviter de vivre sa propre vérité disparaît une fois que cette vérité a été vécue. Nous voyons alors que toute notre vie nous avons redouté quelque chose, nous nous sommes défendus contre quelque chose, qui ne peut plus arriver, car c'est déjà arrivé, et ceci au début de notre vie, alors que nous étions sans défense.

Alice Miller
(L'enfant sous terreur)


#40448
Mais qu’advient-il lorsqu’il n’est plus resté aucune trace de cette vie, parce que l’éducation a réussi parfaitement et jusqu’au bout, comme c’était par exemple le cas chez des hommes comme Adolf Eichmann ou Rudolf Höss ? On les a si bien formés à l’obéissance, et on les y a formés si tôt, que cette éducation n’a jamais failli, que cet édifice n’a jamais eu la moindre fissure, qu’il est resté parfaitement imperméable et que jamais aucun sentiment ne l’a ébranlé ; ces êtres ont exécuté jusqu’à leur dernière heure tous les ordres qui leur étaient donnés sans jamais en mettre en question le contenu. Ils ne les ont pas exécutés parce qu’ils considéraient que c’étaient des ordres justes mais tout simplement parce que c’était des ordres exactement comme le veut la « pédagogie noire ».

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40449
La répression des besoins instinctuels n’est qu’une partie de la répression massive qu’exerce la société sur l’individu. Cependant, du fait qu’elle ne s’exerce pas seulement à l’âge adulte mais dès les premiers jours de la vie, par l’intermédiaire des parents souvent pleins de bonnes intentions, l’individu n’est pas en mesure de retrouver en lui-même sans aide extérieure les traces de cette répression. C’est comme un homme à qui l’on aurait imprimé une marque dans le dos et qui, sans l’aide d’un miroir, ne pourrait jamais la découvrir. La situation analytique est une de celles qui présentent cette sorte de miroir.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40450
Quand j'appelle maltraitance ces blessures invisibles, je trouve le plus souvent en face de moi résistance et indignation ouverte.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40451
L’ « amour » qu’éprouve pour ses parents l’ancien enfant maltraité n’est pas de l’amour. C’est un attachement grevé d’attentes, d’illusions et de dénis, et dont la rançon sera très élevée.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40452
Nous ne parcourrons pas le chemin vers l’état adulte en faisant preuve de tolérance envers les cruautés dont nous avons été les victimes, mais dans la reconnaissance de notre vérité et dans une empathie grandissante avec l’enfant maltraité.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40453
Je vois en l’œuvre grandiose de Nietzsche un cri, appelant l’homme à se libérer du mensonge, de l’exploitation, de l’hypocrisie et de son propre conformisme. Mais personne, et lui moins encore que tout autre, n’a su combien, encore enfant, il avait souffert de ces fléaux. […] Il fut atteint de rhumatismes qui, de même que ses violents maux de tête, étaient certainement imputables à la répression des émotions fortes. Il avait en outre quantité d’autres problèmes de santé […]. Personne ne pouvait s’apercevoir qu’il souffrait, en réalité, de la morale mensongère qui imprégnait sa vie quotidienne, puisque tout le monde baignait dans la même atmosphère. Mais son organisme ressentait ces mensonges avec plus d’acuité que celui des autres.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40454
L'émotion négative initiale constitue un important signal du corps. Si l'on ignore son message il devra en envoyer de nouveaux pour se faire entendre.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40455
même le plus grand criminel de tous les temps n'est pas venu au monde comme criminel.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40456
Mais nous sommes tellement habitués à percevoir tout ce qui nous est dit comme des prescriptions et prédicats moraux que la pure réflexion est parfois ressentie comme un reproche et n'est, par conséquent, absolument pas reçue. Nous nous défendons à juste titre contre de nouvelles exigences, quand on nous a déjà trop demandé en nous imposant trop tôt, et souvent par la force, les règles de la morale. L'amour du prochain, le don de soi, l'esprit de sacrifice - que de belles formules - mais que de cruautés ne peuvent-elles pas cachées pour la simple raison qu'elles sont imposées à l'enfant et ce dès une époque où les dispositions de l'amour du prochain ne peuvent pas être présentes. Du fait de la contrainte il n'est pas rare qu'elles soient même étouffées dans l'oeuf, et ce qui reste n'est alors qu'une inlassable astreinte. C'est comme une terre trop dure sur laquelle rien ne peut pousser, et seul espoir d'obtenir malgré tout l'amour exigé réside dans l'éducation de ses propres enfants, que l'on peut à son tour contraindre impitoyablement.

Alice Miller
(L'essentiel d'Alice Miller)


#40457
Il n'est pas vrai que le mal, la destruction, la perversion fassent nécessairement partie de l'existence humaine, même si on le répète sans arrêt. Mais il est vrai que le mal se reproduit sans cesse et qu'il engendre pour des millions d'êtres humains un océan de souffrance qui pourrait aussi être évité. Lorsque sera levée l'ignorance résultant des refoulements de l'enfance et que l'humanité sera réveillée, cette production du mal pourra s'interrompre.

Alice Miller
(La connaissance interdite)


#40458
Il ne s'agit pas de condamner en bloc les parents, mais de se placer du point de vue de l'enfant souffrant et qui n'a pas droit à la parole, de renoncer à un attachement que je qualifie de destructeur. Celui-ci se compose, comme je l'ai déjà dit plus haut, d'un mélange de gratitude, de pitié, de refoulement, d'enjolivement de la réalité, ainsi que de nombreuses attentes, toujours vaines et vouées à le rester.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40459
Si l'on est disposé à se rendre compte de la quantité d'énergie dont des enfants doivent faire preuve pour survivre à des traitements cruels et souvent d'un sadisme extrême, on ne peut qu'être enclin à l'optimisme. (p. 108)

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40460
Une lectrice m'a écrit : "si Hitler avait eu cinq fils sur lesquels se venger des tortures qui lui ont été infligées dans son enfance, le peuple juif n'aurait sans doute pas été massacré. On peut se défouler sur son propre enfant de tout ce qu'on a subi autrefois, et cela en toute impunité, parce que le meurtre de l'âme de son propre enfant peut toujours se camoufler sous des mots comme éducation et apprentissage de la discipline. (p. 67-68)

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40464
Vers l’âge de trente ans, Tchekhov passa quelques mois sur l’île de Sakhaline, qui était une colonie pénitentiaire, afin, expliqua-t-il, de décrire la vie terrible des déportés et les sévices qu’on leur faisait subir. Il ne se rendait sans doute pas compte qu’il était leur semblable.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40465
Tout enfant maltraité doit sans doute adopter ce genre d’attitude [essayer de trouver quelque chose de positif dans chaque atrocité vécue] pour survivre. Il tronque ses perceptions et tente de voir un bienfait dans ce qui, pour un regard extérieur, est manifestement un crime.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40466
On sait quelle fascination Hitler exerçait sur les femmes. Il incarnait à leurs yeux la figure du père qui sait exactement ce qui est bien et ce qui est mal et il leur offrait en outre un exutoire pour la haine qu'elles avaient accumulées dans leur enfance. Ce fut cette combinaison qui valut à Hitler les foules d'hommes et de femmes qui se rallièrent à lui. Car tous ces êtres avaient été formés à l'obéissance, ils avaient été élevés dans le sentiment du devoir et des vertus chrétiennes; ils avaient dû apprendre très tôt à réprimer leur haine et leurs besoins.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40467
Un engagement politique peut se nourrir de la colère inconsciente de l'enfant dont on a abusé, de l'enfant prisonnier, exploité, étouffé, dressé. Cette colère peut trouver un certain exutoire dans, par exemple, la lutte contre des adversaires politiques, tout en préservant l'idéalisation de sa propre et concrète personne de référence dans la petite enfance. La vieille inféodation peut alors être déplacée sur des figures de chef ou des groupes. Si la désillusion et le deuil qui lui fait suite peuvent être vécus, cela ne conduit généralement pas au relâchement de l'engagement social ou politique, mais simplement à une libération: au lieu d'agir sous l'empire de la compulsion de répétition, on pourra agir de manière claire, consciente et en fonction d'un objectif, sans se nuire à soi-même. La nécessité intérieure de bâtir sans cesse de nouvelles illusions et de nouveaux dénis pour éviter de vivre sa propre vérité disparaît une fois que cette vérité a été vécue. Nous voyons alors que toute notre vie nous avons redouté quelque chose, nous nous sommes défendus contre quelque chose, qui ne peut plus arriver, car c'est déjà arrivé, et ceci au début de notre vie, alors que nous étions sans défense.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40468
Je n'aspire pas à un Paradis qui fait de l'obéissance et de l'ignorance la condition de la félicité. Je crois à la force de l'amour, qui, pour moi, ne signifie pas être bien sage et obéir. L'amour ne va pas sans la fidélité à soi-même, à ses sentiments et ses besoins. Et l'aspiration au savoir en fait partie. Dieu voulait manifestement priver Adam et Eve de cette fidélité à soi-même.

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40469
Cet éveil de la sensibilité à la souffrance de l'enfance a des conséquences d'une grande portée : brusquement il n'est plus possible de considérer la cruauté, la perversion et le crime comme des pratiques éducatives employées pour notre bien, nous sommes forcés de prendre position et de cesser d'enjoliver les crimes. Certains en sont déjà capables. Ils ne veulent plus contribuer à dissimuler la vérité. Ils travaillent avec des enfants maltraités, ils voient ce que l'on fait tous les jours à des enfants, ils voient que l'Etat, l'école et l'Eglise protègent le crime sans le reconnaître en tant que tel. Qui sont-ils ? S'ils ont, comme nous tous, dû subir la "pédagogie noire", il faut qu'ils aient rencontré dans leur enfance au moins un être qui n'a pas été cruel à leur égard et qui leur a offert ainsi la possibilité de percevoir la cruauté de leurs parents. Car il faut pour cela un témoin secourable, un témoin rectificateur. Un enfant qui ne connaît rien d'autre que la cruauté, qui n'a pas bénéficié de la présence d'un pareil témoin, n'identifiera pas la cruauté pour ce qu'elle est.

Alice Miller
(La connaissance interdite)


#40470
A en croire des idées encore largement répandues, les enfants sont dépourvus de sensibilité, les souffrances qu'on leur inflige restent sans conséquences, ou en ont moins que chez les adultes, car "ce sont encore des enfants". Jusqu'à il y a peu, il était même autorisé d'opérer des enfants sans anesthésie. L'excision des petites filles, la circoncision des petits garçons, ainsi que des rituels d'initiation sadiques, sont toujours de coutume dans nombre de pays. Battre un adulte est qualifié de torture, battre un enfant de mesure éducative. Ces faits ne montrent-ils pas, à eux seuls, que le cerveau de la plupart des gens à une "lésion", un gros trou à l'endroit où devrait résider l'empathie, en particulier ENVERS LES ENFANTS ? Au fond, cette seule observation suffit à démontrer que les enfants battus en gardent des séquelles cérébrales, car presque tous les adultes sont insensibles à la violence exercée contre des enfants !

Alice Miller
(Ta vie sauvée enfin)


#40471
Des êtres sensibles ne se laissent pas transformer du jour au lendemain en exterminateurs. Mais dans l’application de la « solution finale », il s’agissait d’hommes et de femmes qui ne pouvaient pas être arrêtés par leurs propres sentiments, parce qu’ils avaient été éduqués dès le berceau à ne pas ressentir leurs propres émotions mais à vivre les désirs de leurs parents comme les leurs propres. Enfants, ils avaient été fiers d’être durs et de ne pas pleurer, d’accomplir avec « joie » toutes leurs tâches, de ne pas avoir peur, autrement dit, dans le fond : de ne pas avoir de vie intérieure.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40472
Le père du paranoïaque Schreber, dont Freud relate le cas, avait écrit vers le milieu du XIXe siècle plusieurs manuels d’éducation si populaires en Allemagne que certains furent réédités quarante fois et traduits dans plusieurs langues. L’auteur y répétait inlassablement qu’il fallait commencer d’éduquer l’enfant le plus tôt possible, dès son cinquième mois, pour le libérer des « germes du mal ».

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40473
Si nous n’avons pas eu, enfants, la possibilité de vivre consciemment et de surmonter le mépris qui nous était infligé, nous le perpétuons.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40474
Même si les émotions réprimées arrivent à remonter à la surface, elles auront du mal à disputer la place aux mécanismes précocement acquis. C'est qu'ils ont servi tellement longtemps à minimiser la douleur. Ne plus y avoir recours, c'est comme nager contre le courant; non seulement cela fait peur, mais cela fait naître aussi des sentiments d'isolement. On s'expose au reproche d'apitoiement larmoyant sur soi-même. Or c'est pourtant ici que commence le chemin qui mène à la maturité.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40475
La cécité émotionnelle constitue un luxe extrêmement coûteux et souvent autodestructeur.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40476
Je me sens étrangère, parfois même considérée comme une lépreuse, uniquement parce que je ne veux pas être ni devenir la femme que l’on veut faire de moi. Je le démontre par mon anorexie. Regardez-moi ! Mon aspect vous répugne ? Tant mieux, ça vous force à voir qu’il y a un problème, ou chez moi ou chez vous. Vous détournez les yeux, vous pensez que je suis folle. Ça me fait mal, bien sûr, mais être des vôtres serait bien pire.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40477
Je veux vivre en étant la personne que je suis. Mais on ne me laisse pas. Personne ne me le permet. Tout le monde a des projets pour moi.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40478
Le « champion de jeûne » de Kafka explique à la fin de sa vie qu’il a cessé de se nourrir parce qu’il n’a pu trouver d’aliment qui lui plaise. Anita aurait pu prononcer cette même phrase, mais seulement après sa guérison, car c’est à ce moment qu’elle a su quelle était la nourriture dont elle avait besoin, dont elle manquait depuis l’enfance et qu’elle recherchait : la véritable communication émotionnelle, sans mensonges, sans pseudo-« soucis », sans sentiments de culpabilité ni reproches, sans mises en garde, sans croquemitaine, sans projections.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40479
La libération de la dépression n'entraîne pas une gaieté continue ou l'absence de souffrance mais bien une nouvelle vitalité, c'est-à-dire la liberté de vivre des sentiments spontanés.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40480
Le précepte universellement accepté "Tu honoreras ton père et ta mère" nous empêche souvent de laisser émerger nos véritables sentiments, et nous payons ce compromis par des maux corporels.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40481
Lorsqu'un être humain essaie de ressentir ce qu'il doit ressentir, et s'interdit d'éprouver ce qu'il ressent réellement, il tombe malade. A moins qu'il ne fasse payer la facture à ses enfants, en projetant sur eux ses émotions refoulées.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40482
Le second élément capital, sur lequel on doit axer son effort dés la deuxième ou la troisième année, est l'obéissance absolue aux parents et aux personnes responsables, et l'approbation de tout ce qu'ils font. Cette obéissance revêt une telle importance qu'en fait, toute l'éducation n'est rien d'autre que l'apprentissage de l'obéissance. Mais cette obéissance n'est pas facile à inculquer à l'enfant. Il est tout naturel que l'esprit veuille suivre sa propre volonté, et si l'on ne s'y est pas pris correctement dans les deux premières années, on a du mal à atteindre son but par la suite. Ces premières années présentent en outre également l'avantage que l'on peut utiliser la force et la contrainte. Avec le temps, les enfants oublient tout ce qu'ils ont vécu dans la toute petite enfance. Si l'on parvient alors à leur ôter la volonté, par la suite ils ne se souviendront jamais d'en avoir eu une, et l'intensité des moyens que l'on aura dû mettre en œuvre ne pourra donc pas avoir des conséquences néfastes. (NDR : A. Miller cite ici texto les méthodes pédagogiques du "grand" pédagogue Schreber, dont la première victime fut le fils, patient de Freud.)

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40483
L'enfant a un besoin inné d'être pris au sérieux et considéré pour ce qu'il est. "Ce qu'il est " signifie: ses sentiments, ses sensations et leur expression, et ce dès le stade du nourrisson.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40485
Plus je me penche sur ces questions, plus j’ai tendance à penser que le courage, l’honnêteté et l’aptitude à aimer les autres ne doivent pas être considérés comme des « vertus » ni comme des catégories morales, mais comme les conséquences d’un destin plus ou moins clément.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40486
Plus tard, une fois adulte, un enfant possédant ces dons [de qualités d’esprit supérieures] pourra faire preuve d’une extraordinaire perspicacité pour critiquer les idéologies diverses […] parce qu’il dispose dans ces cas-là de ses facultés intellectuelles intactes. Mai à l’intérieur du groupe auquel il appartient lui-même (un courant idéologique ou une école théorique, par exemple) qui reflète la situation familiale de l’enfance, cet être conservera une docilité naïve et une incapacité de critique qui semblent démentir les qualités brillantes qu’il montre par ailleurs. […] C’est ainsi par exemple que Martin Heidegger était tout à fait capable de se démarquer de la philosophie traditionnelle et d’abandonner ce faisant les maîtres de son adolescence tandis qu’il ne sut pas déceler les contradictions de l’idéologie hitlérienne qui devaient pourtant apparaître de façon évidente à son intelligence. C’est qu’il vouait à cette idéologie la fascination infantile et la fidélité qui n’autorisent pas la critique.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40487
La fascination qu'éprouvent pour la poésie de Rimbaud bien des jeunes gens dont l'enfance fut semblable à la sienne vient sans doute aussi de l'obscure sensation d'y retrouver leur propre histoire

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40488
Selon toute apparence, il est indispensable à l'être humain d'avoir accès à ses émotions pour qu'il puisse gérer sa vie.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40489
On observe des comportements analogues chez bien des psychiatres, des psychologues cliniciens et des thérapeutes. Certes, ils n'utilisent pas des mots tels que ; mauvais, sale, méchant, égoïste, dépravé. Ils parlent entre eux plutôt de patients "narcissiques", "exhibitionnistes", "destructeurs" "régressifs" ou "cas limite", sans voir qu'ils prêtent à ces mots un sens dépréciatif. Il se pourrait que leur vocabulaire abstrait, leur attitude objectivante, et même leurs théorisations et leur passion de poser des diagnostics aient quelque point commun avec les regards indignés de la mère du garçonnet (ou de la fillette) de 3 ans, merveilleusement adapté, enfoui en eux.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40490
Toujours est-il que les nouvelles découvertes scientifiques confirment ce que maints thérapeutes ont appris par leur propre expérience, à savoir qu'agir de manière rationnelle et constructive nécessite non seulement une pensée intacte, mais aussi que nous ayons accès à nos émotions authentiques. La technologie ne sera jamais capable de remplacer cette fonction de notre cerveau, et par conséquent nous devons enfin nous préoccuper de prendre soin de notre vie affective.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40491
On peut violer un enfant autrement que sexuellement : je pense par exemple à la forme de viol pratiquée à l'aide de l'endoctrinement qui sous-tend aussi bien l'éducation « anti-autoritaire » que la « bonne éducation ».

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40492
Ce n'est pas la non-satisfaction de ses pulsions qui humilie l'enfant, mais le mépris témoigné à sa personne.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40493
Mépriser le plus petit, le plus faible est ainsi le meilleur rempart contre l'irruption du sentiment de sa propre impuissance, et l'expression de la faiblesse dont on s'est dissocié. Le fort, qui connaît son impuissance, parce qu'il l'a vécue, n'a pas besoin de se prouver sa force par le mépris.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40494
... ce ne sont pas seulement les « beaux » et « bons » sentiments, ceux qui nous plaisent, qui font que nous sommes vivants, apportent de la profondeur à notre existence et nous offrent des vues concluantes. Mais souvent, au contraire, ces sentiments inconfortables, inconvenants, que nous préférerions éviter : la honte, l'envie, la jalousie, le désarroi, la rage, le chagrin, le sentiment d'impuissance. Dans le cadre de la thérapie, nous pouvons les vivre, les comprendre, les coordonner.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40495
Pour qui veut vivre sans dépression ni « drogue », il demeure nécessaire de trouver son soutien dans le vrai Soi, c'est-à-dire dans l'accès à ses prores besoins et sentiments réels, et la possibilité de les exprimer clairement.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40496
Les parents doivent honorer et aimer leurs enfants, pour qu'ils, leurs enfants et les enfants de leurs enfants vivent leurs vérités à travers de longues et authentiques vies.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40497
Ce genre de phénomène est fréquent. La mère de par sa position, détient manifestement un pouvoir illimité de donner mauvaise conscience à sa fille adulte. En la culpabilisant ingénieusement, elle peut sans trop de peine obtenir d’elle la présence et la sollicitude que, dans son enfance à elle, sa propre mère lui a refusées.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40498
Les émotions vécues ne durent pas éternellement. (...) Elles ne se fixent dans le corps que lorsqu'elles sont bannies.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40499
Ne pas avoir de souvenirs de son enfance, c’est comme si tu étais condamné à trimballer en permanence une caisse dont tu ne connais pas le contenu. Et plus tu vieillis, plus elle te paraît lourde, et plus tu deviens impatient d’ouvrir enfin ce truc.” Jurek BECKER

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40500
L'analyse marque un tournant lorsqu'un patient souffrant de troubles narcissiques comprend émotionnellement que tout l'amour dont il était l'objet et qu'il avait conquis au prix de tant d'efforts et de sacrifices n'était en fait pas destiné à celui qu'il était vraiment, lorsqu'il remarque que ce n'était pas lui que l'on admirait mais sa beauté et ses prouesses.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40501
Le nombre de maladies graves est considérablement supérieur chez les anciens enfants maltraités qui ont subi des sévices et ont été battus "pour leur éducation".

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40502
J'entends souvent dire que l'on doit à la psychanalyse la découverte des mauvais traitements infligés aux enfants. De pareilles erreurs permettent de mesurer la confuson qui règne dans ce domaine. Car la psychanalyse a au contraire freiné et freine encore l'accès à ce savoir.

Alice Miller
(La connaissance interdite)


#40503
On a coutume de lier le mot « haine » à l’image d’une dangereuse malédiction dont il faut se délivrer au plus vite. On entend souvent dire, également, que la haine est toxique pour l’être humain et rend pratiquement impossible la cicatrisation des blessures datant de l’enfance. Je pense, moi aussi, que la haine peut empoisonner un organisme, mais seulement tant qu’elle reste inconsciente et dirigée contre les personnes de substitution, c’est-à-dire des boucs émissaires. Car alors, elle ne peut pas s’éteindre.

Alice Miller
(Ta vie sauvée enfin)


#40504
Je ne dois aucune reconnaissance à mes parents pour m’avoir donné la vie, car je n’étais pas désirée. Leur union avait été le choix de leurs propres parents. Je fus conçue sans amour par deux enfants sages qui devaient obéissance à leurs parents et souhaitaient engendrer un garçon, afin de donner un petit-fils aux grands-pères. Il leur naquit une fille, qui essaya, pendant des décennies, de mettre en œuvre toutes ses facultés pour les rendre heureux, entreprise en réalité sans espoir. Mais cette enfant voulait survivre, et je n’eus d’autre choix que de multiplier les efforts.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40505
Le récit de la Création s'est focalisé pour moi, dès mon enfance, sur la pomme, le fruit défendu. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il avait été interdit à Adam et Eve de rechercher le savoir. Pour moi, le savoir et la conscience ont toujours été quelque chose de positif. Il me paraissait donc illogique que Dieu ait défendu à Adam et Eve de découvrir la différence essentielle entre le Bien et le Mal. Par la suite, j'ai appris différentes interprétations du récit de la Création, mais ma révolte enfantine a perduré. Je me refusais intuitivement à considérer l'obéissance comme une vertu, la curiosité comme un péché et l'ignorance de ce que sont le Bien et le Mal comme l'état idéal, car pour moi, la pomme de la Connaissance permettait d'identifier le Mal et de ce fait, représentait une libération, donc le Bien. Je sais qu'il existe d'innombrables explications théologiques des raisons des injonctions divines. Mais ces justifications me paraissent trop souvent refléter l'attitude de l'enfant terrorisé qui s'efforce de croire que tout ce que font les parents est bien, une marque d'affection, même quand il ne comprend pas leurs agissements et ne peut les comprendre, car les parents eux-mêmes n'ont pas conscience de leurs propres motivations, enfouies aux tréfonds obscurs de leur propre enfance.

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40506
Lorsqu'on a grandi entouré d'amour et de respect, on n'a pas envie de faire la guerre. Le mal n'est pas obligatoirement inscrit dans la nature humaine. (p. 67)

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40507
(Extrait d'une lettre de Freud au début de ses travaux (vérité qu'il ne put assumer et détourna par la suite en taxant ce genre de récit de "fantasmes")) : "Et il ressort là que ce père, par ailleurs prétendument noble et respectable, la prenait régulièrement dans son lit quand elle avait entre 8 et 12 ans et l'utilisait extérieurement ("la mouillait", visites nocturnes). Elle avait déjà peur alors. Une soeur, de 6 ans son aînée, à qui elle s'en était ouverte par la suite, lui avait avoué qu'elle avait vécu la même chose avec le père. Une cousine lui avait raconté qu'à 15 ans elle avait du se défendre des enlacements du grand-père. Bien sûr, quand je lui dis que des choses analogues et même plus graves avaient dû se passer également dans la toute petite enfance, elle ne le trouva pas incroyable. Par ailleurs, c'est une hystérie tout à fait courante avec les symptômes habituels."

Alice Miller
(L'enfant sous terreur)


#40509
J'ai été frappée récemment, par un livre où quatorze père, condamnés pour abus sexuel et ayant longtemps suivi, dans leur prison, une thérapie de groupe bien structurée, racontent leur histoire. Il est encourageant de voir avec quelle rapidité ces hommes ont changé leur manière de penser quand, pour la première fois, ils ont pu parler de leur détresse, se sentir compris et acceptés. Comme on pouvait s'y attendre, ils ont tous souffert de graves carences dans leur enfance. Carences qui avaient été camouflées sous l'exploitation sexuelle, servant de substitut à l'amour dont ils ont été privés. Ce qui me paraît encourageant, c'est qu'il a suffi des entretiens explicatifs pour amener ces hommes à vouloir se transformer. Ils ont vécu trente, quarante ou cinquante ans sans jamais avoir la possibilité de mettre en question ce qu'ils ont subi dans leur enfance, ni, à plus forte raison, de discerner que ce fut une injustice. Naturellement, ils ont infligé à leurs enfants les mêmes souffrances, sous les mêmes prétextes. Tant qu'ils n'ont pas compris la relation entre leur passé et leur conduite actuelle, ce processus de répétition, il leur était impossible de se libérer de cette contrainte intérieure. Aujourd'hui seulement ils sont capables d'assumer leur responsabilité et sont prêts à le faire : car ils cessent de considérer leur sort d'enfant abusé comme l'état normal des choses.

Alice Miller
(Chemins de vie - sept histoires)


#40510
Il est sain de rire, incontestablement, mais seulement quand il y a de quoi rire. Rire de sa propre souffrance est une forme de défense contre la douleur, qui nous fait passer à côté de la mine, riche d'enseignements, qu'est l'histoire de notre enfance.

Alice Miller
(Libres de savoir : Ouvrir les yeux sur notre propre histoire)


#40511
Il n'y eut aucun recours en grâce pour les millions de prisonniers de l'Archipel du Goulag. Ils pouvaient, sans jugement, être frappés, torturés, tués ou libérés de leur captivité sans raison apparente. Tout dépendait de l'arbitraire d'un tyran qui croyait voir partout des attaques et des ennemis, parce qu'il avait vécu très tôt sousune menace permanente et qu'il n'y avait eu personne auprès de lui pour lui dire que le monde entier n'était pas comme son père : méchant, dangereux, imprévisible et terrorisant. Lorsque cette impuissance infinie de l'enfant ne trouve pas de bras protecteurs où se réfugier, elle ne peut que se changer en une impitoyable dureté. Lorsqu'elle est, en outre, stimulée par l'ambition de la mère, elle peut aboutir à une grande carrière, qui fera entrer dans l'histoire du monde tous les éléments du malheur vécu mais refoulé. Et alors, des millions d'hommes sont embarqués pour Katorga ou pour les chambres à gaz, sans savoir pourquoi. Parce que jadis, le petit enfant ne savait pas non plus. Jusqu'à quand tolèrerons-nous ces itinéraires absurdes alors que nous pourrions enfin savoir où en sont les causes ?

Alice Miller
(La souffrance muette de l'enfant)


#40512
Tant qu'ils n'ont pas compris la relation entre leur passé et leur conduite actuelle, ce processus de répétition, il leur était impossible de se libérer de cette contrainte intérieure.

Alice Miller
(Chemins de Vie)


#40513
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur cette terre. Honore dans le sens de donne leur bien tout leur poids , sache bien qui ils sont

Alice Miller
(L'enfant sous terreur)


#40514
[…] il ne peut y avoir de colère ni de révolte de l’enfant contre cette manipulation déguisée, car il n’est pas en mesure de déceler la manipulation. Il ne peut s’éveiller en lui que des sentiments de peur, de honte, d’insécurité et de désarroi, qu’il oubliera sans doute assez vite, dès lors qu’il aura trouvé sa propre victime.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40515
Grâce à ces récits, on finira, je l'espère, par ouvrir les yeux, voir ce que peut endurer un petit enfant sans que la société vienne à son secours. On comprendra également comment se crée une haine qui aboutit à ce que des enfants innocents se muent en adultes capables, par exemple, d'organiser le monstrueux holocauste, de l'approuver, de l'exécuter, de le justifier et de l'oublier.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40516
Sa tolérance est sans limites, il est toujours fidèle et même fier que son père, qui le bat comme une brute, ne fasse jamais de mal à une bête ; et il est prêt à tout lui pardonner, à prendre toujours toute la faute sur lui, à n'éprouver aucune haine, à oublier vite ce qui s'est passé.................

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40517
Un livre, fût-il écrit avec la plus grande sensibilité aux problèmes d'autrui, ne peut remplacer un bon thérapeute.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40518
Un être humain capable d'admettre sincèrement ses sentiments, sans auto-mystification, n'a pas besoin de les farder par des idéologies et, par conséquent, ne sera pas un danger pour les autres.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40519
En appeler à l'amour et la raison restera vain tant que nous nous interdirons de tirer au clair nos sentiments d'enfant. Il est vain de tenter de combattre la haine par des arguments : il faut comprendre où est sa source et employer des outils permettant de l'éteindre.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40520
Osant savoir qui a mérité leur colère, ils trouveront leur chemin dans la réalité sans plus sombrer dans l'aveuglement de l'enfant maltraité qui doit ménager ses parents, et, de ce fait, a besoin de boucs émissaires.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40521
L'étouffement de la liberté et la contrainte à l'adaptation ne commencent pas au bureau, à l'usine ou au parti politique, mais dès les premières semaines de la vie. Ce joug sera plus tard refoulé et c'est pourquoi il restera, de par sa nature, inaccessible à toute argumentation. Car la nature de l'adaptation ou de la sujétion ne change pas quand seul son objet est remplacé par un autre.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40522
[H.. Hesse] Je ne saurais évoquer en des termes plus heureux toutes les heures de mon existence au cours desquelles, oublié du monde, j'ai joui d'un bref repos, toutes mes promenades solitaires dans ces belles montagnes, tous ces instants où un petit bonheur inattendu ou un amour dépouillé de tout désir m'a soustrait à hier et à demain, qu'en les comparant à cette verdoyante image de mes premières années.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40523
Selon toute apparence, il est indispensable à l'être humain d'avoir accès à ses émotions pour qu'il puisse gérer sa vie.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40524
"Contrairement au petit enfant, l'adulte a des choix. Il peut se fonder sur ses expériences, dispose de la faculté de raisonner ainsi que du libre accès aux informations. Tout cela, il peut l'utiliser, s'il le veut. S'il est résolu à ne pas se confier à une thérapie qui le réduirait d'emblée à l'impuissance, il a de fortes chances de pouvoir se renseigner sur la personne et la formation du thérapeute, avant de se décider pour ou contre une confrontation avec son enfance. Il peut tranquillement demander, lors du premier entretien, comment le thérapeute en est venu à exercer cette profession, m-pourquoi il l'a choisir, ce qu'il faisait auparavant, etc. Malheureusement, la plupart des gens ne posent pas ces questions, bien que ce ne soit nullement interdit et serait éclairant.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40530
Après une longue période dépressive, accompagnée d'idées de suicide, Pia, 40 ans, qui avait été gravement maltraitée dans son enfance, parvint enfin à vivre sa violente colère longtemps réprimée, contre son père, et à la justifier. Il s'ensuivit, non point un soulagement visible, mais une période pleine de chagrin et de larmes, à l'issue de laquelle elle déclara :

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40531
Bien des conseils sur la façon de « s'y prendre » avec les patients dépressifs présentent un caractère nettement manipulateur. Certains psychiatres estiment qu'il faut montrer au patient que son désespoir n'est pas rationnel, ou qu'il faut lui faire prendre conscience de son hypersensibilité. A mon avis, une telle démarche ne servirait qu'à étayer le faux-Soi et l'adaptation émotionnelle, c'est-à-dire, au fond également la dépression.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40532
... l'accès à notre vrai Soi ne devient possible que lorsque nous n'avons plus à craindre le bouillonnant monde affectif de notre enfance.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40533
Si cet homme avait une mère qui, en dépit de sa pauvreté, a pu et su lui donner, dans cette première et si décisive année de la vie, de l'amour véritable, une protection et un sentiment de sécurité, il a été mieux équipé pour surmonter les mauvais traitements ultérieurs que quelqu'un dont l'intégrité a été blessée dès sa naissance, qui n'avait pas le droit d'avoir sa propre vie, qui, dès le départ, a dû apprendre que son existence avait pour seul sens de "rendre sa mère heureuse".

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40534
L'adaptation aux besoins parentaux conduit souvent (mais pas toujours) au développement d'une « personnalité-comme-si » ou de ce qui est souvent appelé faux-Soi. L'enfant se conduit de manière à ne pas monter que ce que l'on attend de lui, et il s'identifie complètement avec cette apparence. Son vrai Soi ne peut se développer et se différencier car il ne peut être vécu. Rien de surprenant à ce que ces patients se plaignent d'un sentiment de vide, disent que leur existence leur paraît dénuée de sens, qu'ils ne se sentent chez eux nulle part. Ce vide est réel.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40535
... ces enfants deviendront non seulement la mère (jouant le rôle de confident, de consolateur, de conseiller, de soutien) de leur mère, mais encore prennent en charge leurs frères et soeurs, et ils développent finalement une sensibilité très particulière aux signaux inconscients des besoins d'autrui. Rien d'étonnant à ce que, plus tard, ils choisissent souvent la profession de psychothérapeute. Qui donc, s'il n'avait pareil antécédents, trouverait la tâche suffisamment intéressante pour passer ses journées à tenter de découvrir ce qui se passe dans l'inconscient d'autrui ?

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40536
Un amour imposé n'est pas de l'amour: cela conduit tout au plus à faire "comme si", à des rapports sans vraie communication, à un simulacre d'affection chargé de camoufler la rancune, voire la haine. Un tel amour n'aboutira jamais à une vraie rencontre.

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(Notre corps ne ment jamais)


#40537
La soumission absolue de l'enfant à la volonté de l'enfant ne s'est pas seulement traduite par la sujétion politique ultérieure (par exemple dans le système totalitaire du IIIe Reich), mais, avant même, par la prédisposition intérieure à toute nouvelle sujétion, dès lors que l'enfant quittait la maison familiale. Comment un être qui n'avait pu développer en lui-même que la seule aptitude à obéir aux ordres qui lui étaient données aurait-il pu vivre de façon autonome avec ce vide intérieur ? La carrière militaire était bien le meilleur moyen de continuer à se faire prescrire ce que l'on avait à faire. Quand survenait quelqu'un comme Adolf Hitler qui prétendait, à l'instar du père, savoir exactement ce qui est bon, juste et nécessaire pour les autres, il n'y a rien d'étonnant à ce que, dans leur nostalgie de soumission, tant de gens aient fêté la venue d'un tel personnage et l'aient aidé à conquérir le pouvoir. Tous ces jeunes gens avaient enfin trouvé pour le reste de leur vie un substitut de cette figure du père sans laquelle ils étaient incapables de vivre.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40538
Tout le développement émotionnel d'un être humain et par là même son équilibre narcissique dont ce développement est la base dépend de la manière dont sa mère a vécu dès la naissance de l'enfant l'expression des besoins et des émotions de cet enfant.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40539
L'idéalisation de l'amour maternel est l’un des tabous qui ont survécu à toutes les tendances de démystification de cette époque.

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(Le drame de l'enfant doué)


#40540
Le pire égoïste est celui à qui l'idée n'est jamais venue qu'il est lui-même un égoïste. Beaucoup de gens n'ont pas de besoins seulement parce qu'ils ne les connaissent pas.

Alice Miller
(Le drame de l'enfant doué)


#40541
"J'avais,dès le départ, reçu implicitement la mission d'apporter à mes parents la considération, les attentions et l'amour que leurs propres parents leur avaient refusés. Mais, pour persister dans cette tentative, je dus renoncer à ma vérité, à mes véritables sentiments. J'avais beau m'évertuer à accomplir cette mission impossible, je fus longtemps rongée par des profonds sentiments de culpabilité. Par ailleurs j'avais aussi une dette envers moi-même: ma propre vérité."

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(Notre corps ne ment jamais)


#40542
Le corps ne comprend absolument pas cette morale, il n'a que faire du Quatrième Commandement, et, à la différence de notre raison, il ne se laisse pas duper par de belles paroles.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40543
Cependant, l'opinion publique est loin d'avoir pris conscience que ce qui arrivait à l'enfant dans les premières années de sa vie se répercutait inévitablement sur l'ensemble de la société, et que la psychose, la drogue et la criminalité étaient des expressions codées des expériences de la petite enfance. Cette idée est très souvent contestée, ou n'est admise que sur le plan intellectuel, alors que la pratique (politique, juridique ou psychiatrique) reste fortement dominée par des représentations moyenâgeuses toutes pénétrées de projections du principe du mal ; tout cela pour la simple raison que l'intellect n'a pas prise sur les domaines de l'émotionnel.

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(C'est pour ton bien)


#40544
Ce tenace, destructeur et infondé sentiment de culpabilité, nous ne pouvons en venir à bout que si nous ne commettons pas, pour nous en défendre, de nouvelles fautes, bien réelles, dans le présent.

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(Le drame de l'enfant doué)


#40545
Toutefois il n'est pas facile de découvrir tout de suite les vraies raisons de cette colère, parce qu'elle est d'abord dirigée contre des personnes qui veulent nous aider - par exemple nos thérapeutes et nos propres enfants- contre des personnes qui nous font moins peur, et qui sont certes les déclencheurs mais pas les responsables de notre colère.

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(Le drame de l'enfant doué)


#40546
Nous ne pouvons rien changer à notre passé, faire que les dommages qui nous ont été infligés dans notre enfance n'aient pas eu lieu. Mais nous pouvons nous changer, nous "réparer ", regagner notre intégrité perdue. Pour cela, il faut nous décider à considérer de plus près le savoir que notre corps a emmagasiné sur les événements passés, et à les faire émerger à notre conscience.

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(Le drame de l'enfant doué)


#40547
Il est également important et utile de ne pas perdre de vue, tout au long de cette lecture, que ce que je désigne sous le nom de parents ou d’enfants ne correspond pas à des personnes précises mais à des états, à des situations ou à des statuts qui nous concernent tous, parce que tous les parents ont été des enfants et que la plupart de ceux qui sont aujourd’hui des enfants deviendront à leur tour des parents.

Alice Miller
(C'est pour ton bien)


#40548
Battre un enfant est toujours une maltraitance, avec de lourdes conséquences dont, souvent, il portera le poids toute sa vie.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40549
Je nomme maltraitance la méthode "d'éducation" qui s'appuie sur la violence. Car non seulement on refuse à l'enfant son droit d'être humain au respect et à la dignité, mais on le fait vivre dans une sorte de régime totalitaire où il lui devient impossible de percevoir les humiliations, l'avilissement et le mépris dont il est victime, sans même parler de se défendre.

Alice Miller
(Notre corps ne ment jamais)


#40552
Ce sont leur haine de la vie et leur amour de la destruction qui rendent si semblables les nationalistes du monde entier. C'est presque un uniforme international, provenant de la même source, de la même histoire : les tourments subis dans l'enfance, tourments soit ensevelis dans un complet oubli soit que l'on se refuse à percevoir, et, qui , jusqu'à une époque récente, étaient totalement niés par la société tout entière.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40553
Eprouver consciemment une émotion justifiée est libérateur non seulement parce que le corps, qu'elle tenaille depuis l'enfance, peut alors "se décharger", mais surtout parce que son émergence nous ouvre les yeux sur la réalité, nous délivre de nos illusions, nous rend les souvenirs refoulés et entraîne souvent la disparition de nos symptômes. C'est pourquoi vivre cette expérience nous fortifie et nous permet d'évoluer. Quand l'émotion a enfin été ressentie, en comprenant qu'elle est justifie, elle s'apaise, et nous n'en sommes plus prisonniers. Le vrai détachement devient alors possible. Il est tout à fait différent du refoulement.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40554
L'avenir de la démocratie dépend de cette démarche individuelle. En appeler à l'amour et à la raison restera vain tant que nous nous interdirons de tirer au clair nos sentiments d'enfant. Il est vain de tenter de combattre la haine par des arguments : il faut comprendre o est sa source et employer des outils permettant de l'éteindre.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40555
Osant savoir qui a mérité leur colère, ils trouveront leur chemin dans la réalité sans plus sombrer dans l'aveuglement de l'enfant maltraité qui doit ménager ses parents et, de ce fait, a besoin de boucs émissaires.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40556
Il est utile, pour le succès de la thérapie, que le patient puisse prendre conscience des modèles destructifs de ses parents. Mais comme je l'ai déjà dit : pour nous délivrer totalement de ces modèles, la compréhension intellectuelle ne suffit pas. Il nous faut accéder à nos émotions. Le véritable but de la thérapie est atteint si, grâce à la perlaboration émotionnelle de l'histoire de son enfance, le patient retrouve sa vitalité. Il sera alors en mesure d'utiliser les moyens fournis par sa thérapie lorsqu des événements actuels viendront raviver le passé. Avec le temps, il apprendra à les mettre en oeuvre avec de plus en plus d'efficacité.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40557
Le nationalisme, la xénophobie, le fascisme ne sont rien d'autre, au fond, qu'un habillage idéologique de cette fuite. On fuit les torturants souvenirs refoulés du mépris subi autrefois en se réfugiant dans un dangereux mépris de l'humanité, qui sera érigé en programme. La cruauté dont l'enfant, autrefois, a secrètement été victime devient certes manifeste dans les groupes de jeunes qui s'adonnent à la violence.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40558
Les contenus inconscients restent immuables et intemporels - c'est uniquement avec la prise de conscience que peut se dessiner l'amorce d'un changement.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40559
La thérapie n'a pas pour objet de corriger le destin du patient, mais de lui permettre la rencontre avec son propre destin et d'effectuer le travail du deuil. Le patient doit pouvoir trouver en lui ses sentiments originels refoulés, afin de parvenir à vivre consciemment la manipulation inconsciente et le manque de considération des parents, et à s'en délivrer.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40560
Ce qui nous rend malades, c'est l'impénétrable, les contraintes sociales que nous avons intériorisées à travers les yeux des parents et dont aucune lecture ou acquisition de connaissance ne peut nous débarrasser, et aussi nos souvenirs inconscients.

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#40561
Les mots seuls, fussent-ils les plus habiles interprétations, ne font que maintenir ou approfondir le fossé entre les spéculations intellectuelles et le savoir du corps. C'est la raison pour laquelle dire à un drogué que sa toxicomanie est une réaction à la société malade ne le délivrera pas de sa dépendance.

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#40562
Malgré le grand écho rencontré dans le public, le succès et le prix Nobel, le Hermann Hesse de l'âge mûr souffrait de cette tragique dissociation d'avec son vrai Soi que les médecins nomment dépression.

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#40563
Malgré le grand écho rencontré dans le public, le succès et le prix Nobel, le Hermann Hesse de l'âge mûr souffrait de cette tragique dissociation d'avec son vrai Soi que les médecins nomment dépression.

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#40564
Il est fréquent que les dons d'un enfant (intensité des sentiments, profondeur de la sensibilité, curiosité, intelligence, et esprit éveillé, qui naturellement s'accompagnent d'un sens critique) confrontent ses parents à des conflits dont ils cherchent depuis longtemps à se défendre à grand renfort de règles et de préceptes. Aussi ces préceptes doivent)ils être sauvés au prix du développement de l'enfant. Et l'on aboutit à cette situation apparemment paradoxale ; des parents qui sont fiers de leur enfant doué, et même l'admirent, sont entraînés par leur propre détresse à repousser, brimer, voire détruire, justement ce qu'il y a de meilleur en lui, parce que de plus authentique.

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#40565
Chaque enfant se fait ses premières idées du Mal de façon très concrète, d'après les interdictions, les tabous et les peurs de sa maison paternelle. Il lui faudra parcourir un long chemin pour s'en libérer, découvrir en lui son propre "Mal" , et le vivre non plus comme la "dépravation", le "mauvais", - parce qu'instinctuel - mais comme une réaction latente, compréhensible , à des blessures qu'enfant il lui a fallu refouler. une fois adulte, il a la possibilité d'en découvrir les causes et de se libérer de cette latence.

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#40566
[Aux yeux d'Hermann Hesse], le "Mal" ce n'est ni la haine, ni la cruauté, mais de curieuses broutilles comme le fait de boire au cabaret. Cette conception spécifique du Mal, le petit Hesse l'a empruntée au foyer paternel. C'est pourquoi tout ce qui se déroule après l'entre en scène du dieu Abraxas (qui avait la tâche de "concilier l'élément divin et l'élément démoniaque", nous paraît bizarre et ne nous touche plus.

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#40567
Nombre d'entre nous connaissent cette situation. Cette peinture idéalisante d'une maison aussi "pure" ne nous est pas non plus étrangère, et elle reflète tant la vision enfantine que la cruauté cachée de ce style d'éducation qui nous est bien connu.

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#40568
Avoir des connaissances théoriques est important. Cependant, la théorie ne doit pas avoir une fonction dépressive pour le thérapeute. Elle ne doit pas devenir le successeur des parents sévères qui veulent tout contrôler.

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#40569
Il n'est pas rare que, devant l'attitude méprisante d'un patient, le thérapeute se laisse aller à protéger sa propre supériorité en s'abritant derrière des théories. Or, le vrai Soi du patient ne lui rendra pas visite dans cette tranche. Il se cachera de lui comme il se cachait autrefois des regards horrifiés de sa mère.

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#40570
Une mère ne peut respecter son enfant tant qu'elle ne sent pas combien une simple remarque ironique, destinée à masquer son propre manque d'assurance, peut être humiliante pour lui. Mais elle ne peut sentir combien son enfant se sent humilié, méprisé et dévalorisé devant elle si elle-même n'a jamais vécu consciemment ces sentiments et a cherché à s'en défendre par l'ironie.

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#40571
Dans un article sur San-Pauli, le quartier chaud de Hambourg, paru dans le magazine Stern du 8 juin 1878, j'ai relevé la phrase suivante ; "Tu sens le rêve masculin, aussi séduisant qu'absurde, d'être cajolé par les femmes comme un nourrisson, tout en régnant sur elles comme un pacha." Ce "rêve masculin" non seulement n'est pas absurde, mais prend sa source dans le besoin le plus authentique et le plus légitime du nourrisson. Notre monde serait certainement différent si la plupart des nourrissons avaient la chance de pouvoir disposer de leur m!ère comme un pacha et d'être cajolés par elle, sans avoir à s'occuper prématurément de ses besoins.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40572
Il est très impressionnant de voir que, très souvent, es conduites sexuelles pseudo-pulsionnelles disparaissent quand le patient commence à vivre ses sentiments et à percevoir ses véritables désirs pulsionnels.

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#40573
Il apparaît très clairement à quel oint nous risquons de nous fourvoyer lorsque nous essayons d'expliquer à un patient des conflits pulsionnels que, depuis sa plus tendre enfance, il a été dressé à ne pas ressentir. Comment des désirs et des conflits pulsionnels pourraient-ils être vécus, si les sentiments sont absents ? Que signifient-ils sans la colère, la jalousie, l'amour, les sentiments d'abandon et de solitude ?

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#40574
Rien ne peut mieux nous dévoiler le drame caché de la relation inconsciente mère-enfant (en l'absence de Bonding), que la vue de la force destructrice de la compulsion de répétition et la perception de son message muet, inconscient, dans la reviviscence du vieux drame.

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#40575
Ce sentiment de culpabilité, l'accablant sentiment de n'avoir pas répondu aux attentes des parents, beaucoup de gens le conservent leur vie entière. Ils ont beau savoir intellectuellement qu'un enfant n'a pas pour devoir de satisfaire les besoins de ses parents, ce sentiment de culpabilité est plus fort. Il résiste à tous les arguments, car il a ses racines dans l'aube même de la vie et y puise son intensité et son opiniâtreté.

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#40576
C'est seulement quand survinrent les reproches, adressés d'abord à moi, puis à la mère, qu'elle put sentir l'immense désespoir qu'avait laissé en elle sa soif jamais assouvie de contact. Ses souvenirs refoulés de cette mère lointaine et distante avaient maintenu en elle la douloureuse sensation qu'un mur la séparait des autres humains. Les violents reproches permirent aussi, en fin de compte, la disparition de la compulsion de répétition qui la poussait à toujours se livrer à un partenaire incompréhensif et se vivre comme désespérément dépendante de lui.

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#40577
Si nous voulons éviter le viol inconscient de l'enfant et sa discrimination , la première chose à faire et d'en prendre conscience. Nous sensibiliser aux formes fines et subtiles d'humiliation d'un enfant est le seul moyen de nous aider à acquérir ce respect pour l'enfant dont celui-ci a besoin dès le premier jour de sa vie pour pouvoir se développer psychiquement. Il existe différentes façons de parvenir à cette sensibilisation : par exemple observer les situations où se trouvent des enfants inconnus en essayant de se mettre à leur place, et, surtout, apprendre à montrer de l'empathie pour son propre destin.

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#40578
… le comportement des toxicomanes. Des êtres qui, dans leur enfance, ont dû réprimer avec succès leurs très intenses sentiments, tentent souvent de retrouver – tout au moins pour un bref moment – l'intensité perdue de 'expérience vécue, au moyen de la drogue ou de l'alcool […].

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#40579
Elle me dit un jour : « Je me trouve aussi ridicule que si j'avais parlé à un mur et attendu qu'il me réponde. Comme un stupide enfant. » Je me demandai : « Est-ce que vous, vous ririez à la vue d'un enfant qui doit confier sa peine à un mur, parce qu'il n'a personne d'autre ? » Les sanglots désespérés qu'entra^pina ma question ouvrirent à ma patiente l'accès à une partie de son véritable passé, qui avait été marqué par une infinie solitude. Du même coup, elle fut enfin libérée de ses torturants et destructeurs sentiments de honte.

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#40580
Un livre, fût-il écrit avec la plus grande sensibilité aux problèmes d'autrui, ne peut remplacer un bon thérapeute.

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#40581
Tout processus thérapeutique, mais tout particulièrement la confrontation avec les traumatismes précoces, nécessite un accompagnement compétent et loyal. [...] ... en l'absence d'un tel accompagnement le client peut devenir la victime d gravissimes manipulations. Elles ne se pratiquent pas seulement dans les sectes que nous connaissons, mais aussi dans certains soi-disant centres thérapeutiques qui ont déjà pris des structures de sectes.

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#40582
Si je devais aujourd'hui me chercher un thérapeute, je e demanderais en premier lieu : avec qui vais-je conserver mon autonomie ? Qui me donnera des informations vérifiables ? Qui répond sincèrement, et de façon satisfaisante, à mes questions, noue avec moi une relation de travail loyale et transparente, accepte les critiques, est prêt à se confronter avec les faits et avec ses propres contradictions, ne me promet pas l'impossible ? Les schémas de de notre enfance ne nous domine pas toute la vie. L'adulte a le droit de profiter des options dont il dispose.

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#40583
Pour beaucoup, qui sont depuis leur prime enfance coupés de leurs sentiments, il peut se produire dans la thérapie, et pour la première fois, quelque chose de vital la constitution de facultés qui n'ont pu se construire chez les enfants "émotionnellement adaptés". Peut-être des joies intenses peuvent-elles favoriser cette édification ?

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#40584
L'avantage des émotions agréable est qu'elles peuvent avoir une fonction constructrice, nourricière, qui va enfin permettre l'intégration des vieilles expériences douloureuses, au cas où cela s'avérerait encore nécessaire. Or, le plus souvent, les vieux traumatismes s'estompent, perdent de leur importance, quand le présent permet à l'intéressé de s'exprimer librement, et surtout de rester en contact étroit avec ses sentiments et ses besoins actuels.

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#40585
Ma gratitude à mes lectrices et lecteurs pour leur abondant courrier s'exprime déjà à travers bien des pages de ce livre, mais je voudrais, ici, la leur dire expressément. Ils sont en fait nombreux à avoir "participé"', à leur insu-, à cet ouvrage, mais ils doivent rester anonymes, car leurs informations étaient confidentielles. Leurs histoires, leurs destins tragiques, souvent inconcevables, et enfin leurs expériences décevantes avec des thérapeutes inconscients ou malhonnêtes, de toutes orientations, m'ont montré, à maintes reprises, combien il est aisé pour des thérapeutes d'abuser de la tragique situation des êtres maltraités dans leur enfance.

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#40586
Bien des gens restent longtemps convaincus que les humiliations étaient réservées à leurs frères et sœurs. Ce n'est que dans la thérapie de mise au jour qu'ils parviennent à se rappeler et à vivre, avec des sentiments de rage et d'impuissance mais aussi de révolte, combien ils se sentaient humiliés et abandonnés quand leur père bien-aimé les battait.

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#40587
Tant le grandiose que le dépressif nient complètement la réalité de leur enfance, en vivant comme s'ils pouvaient encore s'assurer la disponibilité de leurs parents : le grandiose dans l'illusion de la réussite, le dépressif dans la peur continuelle de perdre, par sa faute, leur affection. Mais ni l'un ni l'autre ne peuvent accepter la vérité, à savoir qu'ils n'étaient pas aimés et que tous les efforts du monde n'y changeront rien.

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#40588
C'est pourquoi il est extrêmement important que le thérapeute n'aille pas, poussé par son propre besoin, formuler des connexions qu'avec l'aide de ses sentiments le patient est précisément en train de découvrir. Sinon, ce thérapeute se comporte comme un ami qui apporterait à un prisonnier un bon repas dans sa cellule, au moment précis où il pourrait en sortir et – quitte à la passer à la belle toile et l'estomac creux – connaître sa première nuit de liberté.

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#40589
« Ce ne sont pas les beaux sentiments, les sentiments agréables, qui m'ont ouvert de nouveaux horizons, mais ceux contre lesquels je me suis le plus défendu ; ceux qui me faisaient me sentir minable, petit, mauvais, impuissant, confus, exigeant, rancunier ou en désarroi Et surtout triste et seul. Mais précisément après ces exp »riences que j'avais si longtemps fuies j'ai acquis la certitude d'avoir compris de l'intérieur quelque chose de ma vie, quelque chose que je n'aurais pu trouver dans aucun livre. »

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#40590
Nous avons découvert que nous ne somes plus condamnés à suivre le vieux schéma (déception-répression de la douleur-dépression), car nous disposons à présent d'un autre moyen de traiter les frustrations, à savoir vivre notre douleur. C'est la seule voie nous ouvrant l'accès émotionnel à notre vécu d'antan, c'est-à-dire aux paties jusqu'aux parties jusqu'ici cachées de notre Soi et de notre destin. Un patient atteignant la dernière étape de sa thérapie a ainsi dcrit cet tat de choses ;

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#40591
Les phases dépressives peuvent parfois durer des semaines entières avant que les émotions intenses de l'enfance ne fassent irruption. Tout se passe comme si la dépression les avait retenues. une fois qu'on les a vécues, on se sent de nouveau vivant, jusqu'à ce qu'une nouvelle phase dépressive annonce un phénomène nouveau.

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#40592
En réalité, il existe bien quelque chose comme l'"amour maternel et l'instinct maternel". Nous pouvons le constater chez les animaux qui n'ont pas été maltraités par l'homme. Les gemmes aussi sont nées avec ce "programme" instinctuel, qui les rend capables d'aimer, de protéger, de soutenir et de nourrir leurs enfants, et d'y trouver de la joie. Mais nous sommes souvent dépossédés très tôt de ces capacités instinctuelles : c'est le cas lorsque, dans notre enfance, nous sommes exploités par nos parents pour la satisfaction de leurs propres besoins.

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#40598
Par "sentiment de soin sain", j'entends la totale certitude que le sentiments et les désirs éprouvés appartiennent à son propre Soi. Ce n'est pas une certitude raisonnée - elle est là, comme notre pouls, auquel nous ne prêtons aucune attention tant qu'il bat normalement.

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#40599
Mieux nous connaissons l'histoire de notre vie, mieux nous pourrons détecter les manipulations, d'où qu'elles viennent.

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(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40600
Les patients n'ont aucune garantie contre les manipulations inconscientes de leur thérapeute. Et aucun thérapeute n'est définitivement immunisé, certain de ne jamais procéder à quelque manipulation inconsciente. Toutefois, si un patient se rend compte qu'il est manipulé, il peut toujours le faire remarquer à son thérapeute, ou le quitter si celui-ci demeure aveugle et s'obstine à se croire infaillible.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40601
La connaissance émotionnelle de notre passé est non seulement de notre devoir de parents, mais aussi de notre devoir de thérapeutes. Seuls le b"vu douloureux et l'acceptation de notre propre vérité nous libèrent de l'espoir de trouver encore, malgré tout, ces parents compréhensifs et empathiques - de les trouver peut-être en notre patient - et de réussir, à force d'astucieuses interprétations, à les rendre disponibles pour nous.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40605
Le vrai Soi ne peut pas communiquer parce qu'il ne s'est pas développé, étant resté à l'état inconscient, enfermé dans une prison intérieure. La fréquentation des geôliers ne favorise pas l'épanouissement. C'est seulement après la libération que le Soi commence à s'exprimer, à croître et à développer sa créativité. Et là où autrefois n'existaient que ce vide redouté ou d'angoissants fantasmes de grandeur, surgit un jaillissement de vie, d'une richesse inattendue. Ce n'est pas un retour chez soi – car on n'en a jamais eu. C'est trouver son chez-soi.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40606
Les souvenirs inconscients, refoulés, qui nous obligent à nous dissimuler à nous-mêmes notre vrai Soi sont les successeurs de nos parents. Et c'est ainsi que succédera, à notre solitude dans la maison paternelle, un isolement intérieur.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40607
Pour se défendre du sentiment d'abandon vécu dans la petite enfance, l'adulte dispose d'un grand nombre de mécanismes. A côté du simple déni, nous trouvons le plus souvent le combat perpétuel, épuisant, pour assouvir les besoins refoulés, et depuis lors pervertis, à l'aide de symboles : drogues, groupes, cultes de toutes sortes, perversions. Les intellectualisations sont également fréquentes, car elles offrent une protection très fiable, qui peut cependant avoir des effets funestes si le corps - comme c'est le cas dans les maladies graves - prend totalement les commandes [...].

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40608
Au cours de mes vingt années d'activité thérapeutique, je me suis vue à maintes reprises confrontée avec un type de destin d'enfant qui me paraît caractéristique des individus exerçant une profession d'aide à autrui.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40609
D'après l'opinion prévalente, ces individus - qui ont été la fierté de leurs parents - devraient avoir une conscience de soi forte et stable. Mais c'est tout le contraire; Tout ce qu'ils entreprennent, ils le font bien, voire brillamment, on les admire et les envie, ils vont de succès en succès dans ce tout ce qui leur paraît important, mais tout cela ne sert à rien. A l'arrière-plan guette la dépression, le sentiment de vide, d'aliénation. Sitôt que la rogue de la "grandiosité" leur fait défaut, qu'ils ne se sentent pas "le champion", pas incontestablement la superstar, ou qu'ils ont subitement l'impression d'avoir failli à une quelconque image idéale de leur moi, leur vie leur paraît dénuée de sens. Ils sont alors la proie de crises d'angoisse, torturés par d'intenses sentiments, d'indignité et de culpabilité. Quelles sont les raisons de troubles si profonds chez de si riches personnalités ?

Alice Miller
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#40610
.. les événements traumatiques de toute enfance restent dans les ténèbres? Des ténèbres où se trouvent aussi cachées les clés permettant de comprendre toute la suite de la vie.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


#40611
ar exemple, le refoulement des brutaux sévices dont ils ont autrefois "été victimes pousse beaucoup d'individus à détruire la vie des autres et la leur, à incendier les maisons des immigrés, à exercer des représailles - et par-dessus le marché à baptiser tous ces actes "patriotisme" - pour ne pas voir leur propre vérité et ne pas ressentir le désespoir de l'enfant martyrisé.

Alice Miller
(L'avenir du drame de l'enfant doué)


Le contenu de cette page a été mis à jour pour la dernière fois le samedi 7 janvier 2023.
Il était alors 17:34:11 (Heure de Paris, France, planète Terre - Univers Connu).
mandarin : 你的预感 | français : Mon Ange | anglais : My angel | mandarin : 拉兰德 | espagnol : Una corazonada de ti | allemand : Neuigkeiten hinter der Scheibe. | anglais : To the wrath of the righteous | français : Une intuition de toi | français : Qui est Seth Messenger ? | mandarin : 正义的愤怒 | anglais : You would like to read more? | français : Mon nom est Pierre | français : Patience | anglais : A hunch of you | anglais : The Wait | allemand : Wer ist Seth Messenger? | allemand : Mein Engel | anglais : New beginning | allemand : Die Lande | espagnol : Mi nombre es Peter | allemand : Auf die Wut des Gerechten | espagnol : La Lande | français : Aux colères du juste | espagnol : ¿Quién es Seth Messenger? | anglais : My name is Pierre | mandarin : 来自玻璃后面的消息 | espagnol : Va a pasar cerca de ti. | français : Ca arrivera près de chez vous | espagnol : Nuevo comienzo | allemand : Neuer Anfang | anglais : Who is Seth Messenger? | mandarin : 耐心 | anglais : The Moor | allemand : Geduld | espagnol : Paciencia | anglais : It's going to happen near you | mandarin : 我的天使 | français : La Lande | espagnol : A la ira de los justos | mandarin : 我叫彼得 | espagnol : Noticias desde detrás del cristal | anglais : News from behind the glass | mandarin : 你想多读些吗? | allemand : Mein Name ist Pierre. | allemand : Möchten Sie mehr lesen? | français : Nouveau départ | espagnol : Mi ángel | français : Vous aimeriez en lire d'avantage ? | allemand : Es wird in Ihrer Nähe passieren. | mandarin : 赛斯信使是谁? | français : Des nouvelles de derrière la vitre | espagnol : ¿Le gustaría leer más? | allemand : Eine Ahnung von dir | mandarin : 它会发生在你附近。 | mandarin : 新开始 |
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