Seth Messenger : Citations de Gérard Santarini

Gérard Santarini a dit :

(Langue maternelle)
Gérard Santarini
(Citations)
#38604
La science ne permet pas de trouver ce qu’est l’Univers ; elle permet seulement (et c’est déjà énorme…) de trouver ce qu’on peut dire de pertinent sur l’Univers. Trouver ce qu’est vraiment l’Univers relève peut-être plus de la méditation (la mal nommée) que de la réflexion, car cette hypothétique réalité ultime n'est sans doute pas étrangère à notre conscience et à celle de Dieu, s'il existe.

Gérard Santarini
(Source inconnue)


#38605
FRATERNITÉ Nous sommes tous frères. Encore faut-il le savoir ! Tous les animaux, qu’ils soient humains ou non humains et même les plantes et les autres organismes vivants sont mes frères ou plus précisément mes cousins. Cette réalité (peut-être déjà pressentie par un François d’Assise) est souvent considérée comme une simple métaphore. Elle doit pourtant bien être prise au sens propre puisque nous savons aujourd’hui que nous tous, êtres vivants, descendons des mêmes ancêtres lointains. Les fantastiques études génétiques actuelles, rendues possibles par la découverte de l’ADN et les magnifiques progrès dans son étude, permettent même de reconstituer avec précision notre arbre généalogique commun dont les racines remontent à plusieurs milliards d’années. Il prend naissance dans le monde minéral et c’est pour moi un véritable émerveillement de savoir que la science a réussi à reconstituer notre filiation jusque dans ces époques très lointaines. Nous sommes, au sens propre, des enfants des étoiles. La plupart des noyaux d’atomes dont nous sommes constitués, et plus particulièrement ceux de carbone, d’oxygène et d’azote, indispensables à la vie sur Terre, se sont formés au coeur des premières étoiles apparues après le Big Bang. Les planètes qui orbitaient autour de ces étoiles ne pouvaient pas porter la vie car le Big Bang n’avait produit que de l’hydrogène et de l’hélium : toute chimie était exclue et, a fortiori, la vie. C’est grâce à l’explosion de ces étoiles primordiales, à la dispersion des atomes nouveaux qu’elles avaient forgés et à leur recyclage dans la formation de nouvelles générations d’étoiles et de planètes que la vie a pu apparaître puis se développer par mutation et sélection. Nous sommes cousins de tous les êtres vivants, mais aussi de tout ce qui existe dans l’Univers ! « We must all learn to live together as brothers or we will all perish together as fools » (« Nous devons tous apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », Martin Luther King, Sermon du 31 mars 1968 à la National Cathedral, Washington) Malheureusement, nombreux sont encore ceux qui, sans aller, comme les adeptes du créationnisme, jusqu’à nier l’évolution des espèces vivantes, n’en tirent pas toutes les conséquences philosophiques sur l’interdépendance et la fraternité universelle. Il a encore des successeurs, Wilberforce, l’évêque anglican d’Oxford qui demandait ironiquement au zoologiste Thomas Huxley « s’il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère ». Huxley lui rétorquait en substance « qu’il rougirait plutôt d’avoir un ancêtre comme l’évêque qui se mêle de problèmes qu’il ne connaît pas dans le seul but de les embrouiller » (présentation par Jean-Marc Drouin de « L’origine des espèces » de Charles Darwin, édition mise à jour en 2008, Flammarion). Aujourd’hui, ces successeurs de Wilberforce ne peuvent plus nier cette filiation, mais ils ont honte de leurs ancêtres. Ils veulent encore, en dépit de toutes les évidences, se sentir étranger au monde réel, séparés, différents et, bien sûr, supérieurs ! C’est bien dommage pour eux et pour le monde car ils perdent le bonheur de faire partie d’un fantastique organisme planétaire vivant et ignorent donc, ou sous-estiment, toutes les conséquences concernant notre immense responsabilité, en particulier dans le domaine de l’écologie. De plus, leurs idées ou plutôt leurs préjugés, leurs croyances contaminent leurs proches et les incitent à se replier sur eux, à perpétuer les visions étriquées développées tout au long de l’histoire des religions et des philosophies, au lieu de s’ouvrir à l’idéal merveilleux d’une fraternité universelle. Le repli sur soi-même, sur sa famille, sur sa région, sur sa « patrie » ne sont que des versions différentes d’un même égoïsme qui risque fort de nous faire tous mourir ensemble « comme des idiots » ! « J’aime mieux ma fille que ma nièce, ma nièce que ma cousine, ma cousine que ma voisine » (déclaration répétitive de Jean-Marie Le Pen) Cette phrase culte qui résume la philosophie du Front National me paraît terriblement perverse. Le Diable, paraît-il, a coutume de prendre des vérités, de les tordre un peu pour les déguiser et de les utiliser ensuite pour diffuser son poison. Je trouve que ce slogan est un excellent exemple de cette pratique. Il encourage les égoïsmes en cascade qui s’efforcent de « protéger » la « patrie » contre les envahisseurs étrangers de cultures différentes, la région contre les autres régions de traditions différentes, la famille contre les autres familles d’habitudes différentes et finalement moi-même contre le monde entier ! Il ferme et endurcit le coeur de ceux qu’il contamine pour qu’ils ne puissent plus s’émouvoir de la souffrance des autres, prétextant qu’ils sont moins aimables puisque différents. Quand on commence à trier dans la souffrance, la compassion n’est plus là et, a fortiori, l’amour. L’immense problème de l’accueil des réfugiés illustre bien cette tendance : souffrir et mourir dans un pays en guerre serait-il plus digne de compassion que souffrir et mourir de faim dans un autre pays ruiné pour des causes climatiques ? Les migrations qui relèvent de cette dernière catégorie ne font que commencer : le dérèglement climatique va très probablement les accentuer dans des proportions terrifiantes. « Pour une révolution fraternelle » (slogan du Secours Catholique-Caritas France) C’est d’une profonde mutation dans les esprits que notre monde a besoin pour ne pas se détruire complètement, d’une révolution fraternelle. À notre époque où l’interdépendance de tout ce qui vit sur cette planète prend une ampleur que l’humanité n’a jamais connue, l’égoïsme qui, tout au long de l’histoire, a pu contribuer à défendre les individus et les groupes contre les autres individus et groupes devient un risque mortel. La « charité bien ordonnée » qui commence par soi-même est en train de tuer l’humanité. Même si c’est avec une motivation égoïste (on se sent mieux quand on aide les autres !), il est urgent de développer l’altruisme à tous les niveaux. Jésus-Christ l’aurait-il pressenti quand, déjà à son époque, il recommandait d’« aimer son prochain comme soi-même » ?

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38606
RAISON À quand l'âge de raison ? Paradoxalement, alors que, pour le meilleur et pour le pire, la raison l’a dotée de terribles pouvoirs dans le monde matériel, l’humanité est restée largement irrationnelle et infantile. Il est clair qu’elle n’a pas encore atteint l’âge de raison. Le président de la première puissance économique mondiale flirte avec le créationnisme ! Des hommes politiques et même des chefs d'État se comportent souvent comme des gamins dans une cour d'école ! Sauf qu'ils disposent de moyens qui permettraient (ou permettront ?) de détruire complètement cette cour et que nous n'en avons pas d'autre pour l'instant... Les archaïsmes des croyances et des pseudosciences pullulent sur toute la terre et les religions ne sont pas les seules à les disséminer. L’obscurantisme répand partout l’ignorance et la terreur. Le djihadisme n’est que la partie émergée de ce sinistre iceberg. La raison est pourtant un incroyable outil au service de l’homme. Sa puissance lui a permis de comprendre de mieux en mieux l’Univers et donc d’y agir avec efficacité. Cette puissance est extraordinaire, incompréhensible, bien plus mystérieuse que tous les faux mystères inventés au cours des siècles par les religions. Alors qu’elle a déjà réussi à guérir tant de maux et qu’elle pourrait être bien plus et bien mieux utilisée pour soulager la souffrance de l’humanité et la délivrer de ses poisons physiques et mentaux, elle est encore bien souvent délaissée, voire dénigrée par des adeptes de fausses spiritualités. Comment pourrait-on faire confiance à quelqu'un qui prétendrait détenir une vérité inaccessible à la raison, mais qui n'utiliserait pas lui-même sa propre raison pour s'approcher des nombreuses vérités (certes partielles mais bien concrètes) accessibles à la raison ? Un tel personnage n'a rien d'imaginaire : il en existe même de bien nombreux exemplaires en ce monde. Bien sûr, la raison n’est pas toute-puissante : elle ne pourra jamais parvenir, à elle seule, à une compréhension exhaustive du réel. Mais je trouve fascinant que ce soit la raison elle-même qui soit parvenue à identifier et à comprendre ses propres limites ! C’est pourtant bien à ce résultat très surprenant qu’est parvenu le mathématicien Kurt Gödel dans le domaine de l’arithmétique, avec ses fameux « théorèmes d’incomplétude ». Je trouve qu’il s’agit là de l’un des plus fantastiques et troublants succès de la raison humaine. Les limites de la raison Connaissiez-vous l'histoire imaginaire de cet explorateur capturé par des membres d’une tribu de la forêt, pas très amicaux, mais un peu philosophes, qui lui imposèrent un choix plutôt embarrassant : « Énonce-nous une proposition ; si elle est vraie, nous te percerons de flèches et, si elle est fausse, nous te ferons bouillir dans cette grande marmite » ? L’explorateur, plus philosophe qu’eux, ou peut-être devrais-je dire plus scientifique (qu’est-ce que la philosophie ?), parvint toutefois à sauver sa peau, en disant simplement : « Je serai bouilli » ! On voit bien que cette réplique ne pouvait que plonger nos philosophes en herbe dans une profonde perplexité puisqu’en accomplissant leur projet, ils se seraient trouvés face à une proposition qui, si elle était vraie, serait fausse et qui, si elle était fausse serait vraie. Peu amicaux, mais honnêtes, ils décidèrent donc de libérer l’explorateur. Cette réponse de l’explorateur est un exemple simple, parmi bien d’autres, de ces propositions que les mathématiciens appellent « indécidables ». La plus célèbre de ces curiosités est sans doute le paradoxe du Crétois Épiménide déclarant « Tous les Crétois sont des menteurs ». Ce qu’est parvenu à démontrer Kurt Gödel, c’est qu’un système d’axiomes arithmétiques est soit incomplet, soit inconsistant, au sens où il conduit à une proposition indécidable. Aucun système ne peut donc être complet sans être inconsistant… à moins de contenir une infinité d’axiomes (sans aucune procédure finie permettant de les trouver…) ! Il n’y a pas d’autre alternative. Cette étonnante incomplétude me paraît très riche d’enseignements. Non seulement il est tout à fait raisonnable de considérer qu'il existe quelque chose (et même beaucoup de choses) au-delà de la raison, mais c'est même la raison qui est parvenue à démontrer cette incomplétude d’elle-même ! Il ne faut pas en déduire, toutefois, qu’il est légitime de croire n’importe quoi ! Ce n'est pas parce qu'on connaît maintenant des limites à la raison qu'il ne faut pas continuer à l'utiliser à l'intérieur de ces limites. Au contraire, on peut ainsi l'utiliser avec plus d'assurance, plus de sécurité. Science et conscience Ce n'est certainement pas la raison qui sauvera, à elle seule, l’humanité, en la sortant de la mauvaise passe dans laquelle elle s’est engagée : la raison est capable du meilleur comme du pire. Par contre elle peut nous aider à prendre conscience, à établir le diagnostic, à acquérir une ferme détermination pour changer le monde. Raison et compassion devraient pouvoir s’épauler mutuellement pour la construction d’un monde plus juste. Moi aussi je parie, mais mon pari est bien différent de celui de Blaise Pascal. Je parie que la raison parviendra à asseoir une authentique spiritualité universelle sur des bases saines de compassion et de bienveillance, une spiritualité enfin libérée des dogmes et fausses morales. Je parie que cette libération facilitera l’accès de chacun à sa lumière intérieure pour parvenir à une véritable fraternité, en remplacement des multiples communautarismes, plus ou moins déguisés, plus ou moins assumés. Je ne suis pas sûr de gagner mon pari, mais il m’aide à entretenir la flamme, la motivation, l’espoir. Il est, entre autres, à l’origine de ce livre. J’ai la conviction qu’il nous faut abandonner les constructions sur le sable des fausses spiritualités et tout reconstruire sur le roc d'une spiritualité compatible avec nos connaissances du réel. Et alors, peut-être que l'esprit pourra s'aventurer sans danger au-delà des limites maintenant mieux connues de la raison humaine.

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38607
VÉRITÉ « Qu'est-ce que la vérité ? » (question de Ponce Pilate à Jésus-Christ selon le Nouveau Testament, Jean 18:38) Qu’on l’écrive avec un « V » majuscule pour la revêtir d’un air d’absolu ou avec un plus modeste « v » minuscule pour l’opposer simplement au mensonge, la vérité reste plus un idéal à poursuivre qu’un objectif susceptible d’être atteint effectivement. On ne la possède jamais complètement, mais on peut s’en approcher sans cesse, comme d’une asymptote. On peut même démontrer par la raison que la vérité absolue est inaccessible à la raison, à la logique humaine ! Vous pourriez donc soutenir qu’il n’est pas intéressant, pas utile ou peu enthousiasmant de rechercher par la logique cette vérité qui lui sera finalement toujours inaccessible et qu’il serait plus sage de se tourner plutôt vers une vérité ou des vérités directement accessibles à la conscience, sans qu’elle ait à passer par la raison, des sortes de vérités subjectives, à opposer à la vérité objective recherchée par la science. Je ne peux pas nier l’existence de ce deuxième type de vérité puisqu’il en existe au moins une qui est, pour moi, absolue, complètement incontestable : l’existence de ma propre conscience. Pourtant, je ne peux me satisfaire de cette approche, en quelque sorte mystique, qui n’apporte aucune réponse à la multitude innombrable de questions très pratiques posées par tous ceux qui cherchent à comprendre notre monde dit réel. De plus, une éventuelle vérité ultime subjective paraît tout aussi inaccessible qu’une éventuelle vérité ultime objective. Et même si elle était accessible, elle serait forcément incomplète si elle n’apportait pas des réponses communicables sur les questions objectives. C’est la quête, par la science, de la vérité objective, pourtant inaccessible dans l’absolu, qui a apporté à l’humanité une moisson incroyablement abondante et magnifique de modèles permettant de comprendre le monde et d’y agir. Comment pourrait-on se contenter d’une vérité incommunicable par les moyens normaux de la raison humaine alors que la recherche de la vérité objective est parfaitement communicable et qu’elle ne cesse de montrer sa redoutable efficacité ? En d’autres termes, si l’on convient d’appeler Dieu une éventuelle réalité ultime subjective, il me semble qu’une bonne manière, fiable et communicable, de s’en approcher est d’étudier la réalité objective, sa « création » en quelque sorte, en utilisant le seul moyen à notre disposition, notre raison. « … pour atteindre à s'en écarteler, pour atteindre l'inaccessible étoile » (Jacques Brel, La Quête) En tout cas, dans cette recherche, la principale attitude à adopter est de ne jamais mentir, ni aux autres ni à soi-même, et de ne transiger avec aucun mensonge. C’est avec cet état d’esprit que je me sens solidaire de tous les chercheurs de vérité et plus particulièrement de ceux qui oeuvrent dans le domaine de la vérité objective, les scientifiques. Je cherche sans cesse la vérité, pas la foi, qui, par son indulgence envers les croyances, pactise trop souvent avec le mensonge. Pour moi, être dans la vérité, c’est chercher à découvrir ce qui existe et progresser dans cette découverte ; être dans l’erreur c’est croire à ce qui n’existe pas, persévérer dans une « foi » sans chercher à la valider par l’observation et le raisonnement. Jamais terminée, la recherche de la vérité libère parce qu’elle brise les raideurs mentales des croyances et que son besoin insatiable de vérification conduit sans cesse à de nouvelles découvertes. Tout ce qui entrave la recherche de la vérité ne peut qu’être néfaste : l’histoire abonde en exemples de croyances qui ont bloqué les progrès vers plus d’humanité et plus de bien-être. Le souci de vérification doit être permanent. Il doit devenir une habitude, une seconde nature. Cette exigence prend de plus en plus d’importance avec les moyens modernes de communication comme Internet, qui diffusent et multiplient des « hoax », des « canulars » de toutes sortes, souvent malintentionnés. Ce n’est pas en répétant indéfiniment un mensonge qu’il devient une vérité, mais cette répétition est une méthode efficace pour faire aboutir des projets malveillants en diffusant des messages calomnieux. Cette efficacité n’est pourtant due qu’à la crédulité des destinataires de ces messages ou à leurs préjugés. La pratique du doute systématique et de la vérification est la seule parade efficace.

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38608
SCIENCE Saint Antoine et les clés de voiture Monsieur Jourdain était tout étonné d’apprendre qu’il faisait de la prose à tout moment sans le savoir. Il pensait sans doute que cet art était réservé à des prosateurs spécialistes. Je ne serais pas étonné que nombreux soient ceux qui, aujourd’hui, éprouveraient le même étonnement si on leur disait qu’il « font de la science » à tout moment sans le savoir. C’est parce que l’idée est très répandue que la science est réservée à des scientifiques, ceux qui, par exemple, rassurent le profane sur l’efficacité d’un dentifrice en utilisant des expériences « scientifiques » ! En réalité, tout le monde, heureusement, pratique régulièrement la démarche scientifique, même s’il existe des spécialistes de la science, comme il existe des spécialistes de la prose. Prenons un exemple : vous avez égaré vos clés de voiture. Si, pour remédier à cette situation désagréable, vous demandez l’aide de saint Antoine, vous utilisez une démarche religieuse. Vous pouvez aussi formuler l’hypothèse que vous avez peut-être laissé ces clés dans le réfrigérateur en allant vous servir un verre d’eau fraiche. Vous ouvrez le réfrigérateur pour vérifier cette hypothèse. Si cette expérience ne confirme pas l’hypothèse, vous pouvez en formuler une autre, par exemple que vous avez laissé ces clés sur la table de nuit. Il faut alors effectuer une autre expérience de vérification, et ainsi de suite jusqu’à ce que le problème soit résolu (ou pas…). Cette deuxième démarche est la démarche scientifique et rien d’autre. La science est observation et réflexion, expérimentation quand c’est possible, c’est tout. Tout ce qui, dans le monde physique, peut, en principe, être vérifié (confirmé ou réfuté) est du domaine scientifique, même si l'on ne dispose pas encore des moyens théoriques ou matériels pour la mise en œuvre de cette vérification. C'est en tout cas en ce sens que je prends les mots science et scientifique dans cet ouvrage. C’est pourquoi, les séparations habituelles entre sciences dites « dures » et sciences humaines et sociales, entre science et littérature, entre science et histoire, entre science et art, etc. me paraissent en fin de compte, illusoires et trompeuses. Bien sûr, il existe des spécialistes littéraires, historiens ou artistes, mais heureusement que ces spécialistes sont aussi scientifiques dès qu’ils ont à résoudre un problème qui relève du monde physique ! Science et croyance La science est une méthode, pas une religion ni une idéologie. Chaque fois qu’on pratique raisonnablement le cycle observation-réflexion ou observation-réflexion-expérimentation on a l’esprit et la démarche scientifiques. Renoncer, par paresse, à appliquer cette méthode et la réserver aux scientifiques « professionnels » conduit à bien des absurdités et à bien des drames. Les croyants ont souvent tendance à considérer la science comme une croyance : ils assimilent ceux qui pratiquent la méthode scientifique à des sortes de croyants, comme il en existe bien d’autres, professant une foi différente de la leur. C’est qu’ils n’ont rien compris ni à l’esprit ni à la démarche scientifique, qui est universelle. Une théorie scientifique n'est rien d'autre qu'une sorte de résumé harmonieux de ce qu'on sait sur un sujet à un instant donné. Elle n'est ni incontestable, ni définitive. La notion de croyance y est totalement absente. Si l’on retient cette théorie c'est simplement parce qu’elle est ce qu'on a trouvé de mieux à un moment donné. Si plus tard on trouve encore mieux, on abandonne sans aucun scrupule ni regret l'ancienne théorie. Science et contemplation La science n’est pas, en soi, contemplation, mais, comme elle nécessite une attention soutenue, un long travail de décantation, elle peut conduire à la contemplation, à l’émerveillement, à une ouverture sur la dimension spirituelle de l’Univers. La découverte de ce qu’on a coutume d’appeler (sans doute improprement) les « lois de la nature » peut amener à une prise de conscience d’une réalité au-delà de la réalité objective, comme la réflexion sur la souffrance peut conduire à la compassion. La pratique de la science débouche sur un grand mystère : le caractère harmonieux des modèles qui décrivent l’Univers. Dans leur quête pour appréhender de mieux en mieux la complexité apparente du réel, les scientifiques découvrent, presque systématiquement, qu’au fur et à mesure que leur construction se perfectionne, elle devient de plus en plus harmonieuse. C’est tellement vrai que la recherche de l’harmonie finit par devenir un guide pour la compréhension du réel : on se rend compte souvent que les théories, les équations ont plus de chance d’être appropriées pour décrire le réel quand elles sont « belles ». Nombreux sont les scientifiques qui, sans toujours l'avouer, sont fascinés par cette découverte de l'harmonie. Je pense que ce type de contemplation intervient dans une large mesure pour entretenir chez eux la flamme de la recherche. La science n’est rien d’autre qu’une méthode pour s’approcher de plus en plus de la réalité objective, celle qui peut aisément être partagée avec tout le monde. Elle n’est pas armée pour décrire la réalité subjective, celle de la conscience et de l’esprit. L’exploration de cet autre monde est plutôt du domaine des spiritualités et l’outil privilégié celui de la méditation. Pourtant, la pratique de la science peut conduire, par la contemplation sur laquelle elle débouche, au seuil de cet autre réalité (mais est-elle vraiment autre ?). La science ne permet pas de trouver ce qu’est l’Univers ; elle permet seulement (et c’est déjà énorme…) de trouver ce qu’on peut dire de pertinent sur l’Univers. Trouver ce qu’est vraiment l’Univers relève peut-être plus de la méditation (la mal nommée) que de la réflexion, car cette hypothétique réalité ultime n'est sans doute pas étrangère à notre conscience et à celle de Dieu, s'il existe.

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38609
ERREUR « Errare humanum est, perseverare diabolicum » (« Se tromper est humain, mais persévérer dans l’erreur est diabolique », sentence parfois attribuée à Sénèque) Si la science est parvenue, en moins de quatre siècles, à faire éclater les frontières des connaissances de l’humanité sur elle-même, sur son histoire, sur sa planète et sur l’Univers dans lequel elle est immergée, si elle a pu soulager autant de souffrances grâce à sa technologie, c’est parce que sa pratique systématique du doute la conduit à chercher sans cesse, avec patience et humilité, ses propres erreurs et à s’efforcer en permanence de les corriger. Elle a même fait de ce processus son outil principal de recherche et c’est cet outil puissant qui a conduit à toutes ses découvertes. Tous ceux qui ne pratiquent pas régulièrement la méthode scientifique n’ont souvent pas idée de l’encombrement des cimetières de « bonnes idées » scientifiques démenties par l’expérience. Ils sont pleins à craquer puisque les scientifiques se réveillent presque chaque matin avec une nouvelle bonne idée et s’endorment presque chaque soir après avoir constaté que cette idée n’était pas validée par les faits. Et tous ces enterrements ne conduisent pas à l’édification d’une pierre tombale, loin de là ! On ne connaît que les pierres tombales des « grandes » idées qui ont survécu longtemps, avant d’être détrônées par de meilleures idées. C’est cette humilité-là, cette souplesse à s’accorder au réel, qui constitue la force de la science. Dès qu’une idée se cristallise en croyance, le processus est bloqué et la recherche devient stérile. Malheureusement, quand les scientifiques, qu’ils soient « professionnels » ou « amateurs », se hasardent à montrer du doigt les erreurs des autres, qu’il s’agisse de religions ou d’idéologies, ils se heurtent à une tournure d’esprit complètement opposée : au lieu de corriger humblement leurs erreurs par la remise en question permanente, ces croyants les entretiennent en utilisant la répétition régulière d’actes de foi. C’est ainsi que, jusqu’à nos jours, ou presque, se sont maintenues des contre-vérités comme la transsubstantiation et des croyances comme la place centrale de la Terre et de l’homme dans l’Univers ou la toute-puissance d’un Dieu supposé bon. Vers une loi pour punir l’incitation à la stupidité ? Pour que l’humanité finisse enfin par sortir de ces impasses et qu’elle parvienne à étouffer définitivement les germes des intégrismes, il faudrait que la méthode scientifique soit mieux connue, que cette connaissance soit appréciée à sa juste valeur et qu’elle se répande largement en visant tout particulièrement les jeunes. Il s’agit de former au lieu de déformer, d’ouvrir au lieu de fermer, d’apprendre à apprendre au lieu d’embrigader… Que chaque être humain de bonne volonté y travaille ! Mais nous nous doutons bien que ce sera long. En attendant, ne faudrait-il pas que nos démocraties se protègent plus des stupidités ? La loi punit bien, par exemple, l’incitation à la haine raciale et la contestation des crimes contre l’humanité. Je pense qu’il faudrait aller plus loin : elle devrait punir sévèrement tous les « négationnismes », à commencer par ceux qui s’en prennent à toutes les connaissances révélées par la science. Il ne me paraît pas tolérable de laisser enseigner impunément que la Terre a été créée en six jours ou même seulement de l’insinuer. Ces germes-là finissent par conduire aux mêmes horreurs que la haine raciale ; ils sont de même nature et potentiellement aussi nocif pour l’humanité.

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38610
ÉMERVEILLEMENT « Il y a des êtres qui font d’un soleil une simple tache jaune, mais il y en a aussi qui font d’une simple tache jaune, un véritable soleil » (citation attribuée à Pablo Picasso) Un jour où j’ai montré à l’un de mes petits-fils quelques plantes en pots sur le balcon de l’appartement familial, j’ai été un peu décontenancé et très agréablement impressionné de le surprendre, peu après, en train d’expliquer à son frère : « C’est incroyable, la plus belle fleur dans les pots de Papy, c’en est une qu’il n’a pas plantée ! ». Il parlait d’une fleur de pissenlit qui s’était développée à partir d’une graine amenée par le vent. Nombre d’adultes n’y auraient vu qu’une « mauvaise herbe » qu’il fallait arracher pour préserver la prétendue harmonie des plantations artificielles. Pourtant, un enfant, dont la perception n’était pas encore émoussée, était capable de s’émerveiller de ce qu’un adulte un peu trop « mûr » finit par trouver banal. Cet émoussement n’est pas une fatalité : je pense qu’un François d’Assise, par exemple, montrait qu’il avait su conserver cette aptitude naturelle des enfants quand il recommandait de ne pas cultiver tout le jardin, mais d’accepter d’en laisser une partie en friche, pour garder intacte notre capacité à nous émerveiller devant la beauté des herbes sauvages. Je trouve que la remarque de mon petit-fils exprimait une vérité très profonde et nous donnait une leçon très importante. Jésus-Christ ne disait-il pas, paraît-il : « Si vous ne changez pas d'attitude et ne devenez pas comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux » (Nouveau Testament, Matthieu 18:3). Je ne sais pas ce qu’est le « royaume des cieux » et encore moins ce qu’il faut faire pour y entrer. Par contre, ce dont je suis convaincu, c’est que nous ne pouvons pas être vraiment heureux si nous ne retrouvons pas ou si nous n’entretenons pas la pureté du regard qu’on avait quand on était enfant. Il faut parvenir à comprendre et ressentir en profondeur, avec son esprit, son coeur et son corps, que rien n’est banal ! Heureusement, cela s’apprend (comme beaucoup d’autres choses) ! Il faut, patiemment, entretenir la flamme au fond de soi, rejeter les tendances « adultes » à considérer comme « puéril » l’émerveillement, mais au contraire, adresser régulièrement à ce soleil intérieur, la même louange que celle adressée par Edmond Rostand au soleil extérieur : « Ô Soleil ! toi sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont ! » (Hymne au soleil dans Chantecler). Mais si jamais vous n’y parveniez pas, au moins, par pitié, abstenez-vous d’étouffer l’émerveillement des autres ! Ne dites jamais, surtout à un enfant, quelque chose comme : « Ce n’est que le soleil » ou « Ce n’est qu’une fleur ». Rien n’est banal !

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38611
DOUTE « Doutez de tout et surtout de ce que je vais vous dire » (parole attribué au Bouddha) C'est peu de dire que le doute est toujours plus fécond que toutes les certitudes. Le doute fait avancer, découvrir ; les certitudes étouffent. J’évoque ici, bien sûr, le doute constructif, celui qui pousse à vérifier, à mieux comprendre, à mieux décrire, pas le doute destructif qui rejette sans même examiner et sans souci de remplacer. Le doute est le premier moteur de la connaissance. En effet, pour connaître, il faut avoir trouvé ; pour trouver, il faut avoir cherché ; pour chercher, il faut avoir douté. Quand on croit savoir, on n’a plus envie de chercher et quand on ne cherche plus, on n’a plus aucune chance de trouver. Le doute produit une instabilité qui force à avancer, à chercher, à progresser. C’est cette dynamique qui est à l’origine de tous les progrès dans la connaissance. La foi, au contraire, a tendance à bloquer la raison dans les croyances. Elle finit par inhiber l’esprit critique et peut conduire à l’intégrisme. Historiquement, les croyances de toutes sortes, qu’elles soient religieuses, traditionnelles, superstitieuses, nationalistes, raciales, idéologiques ont toujours été un frein au progrès vers plus d’humanité. C’est, par contre, la remise en question permanente suscitée par le doute qui a conduit à toutes les percées notables en matière de progrès aussi bien scientifique ou technologique que social ou humanitaire. L’ascèse du doute Seul le doute permet d’avancer pas à pas vers une connaissance sans cesse plus fine, plus complète, plus proche du réel. Il s’agit là de l’ascèse laborieuse et humble du vrai scientifique qui sait pourtant que la vérité absolue n’est pas atteignable par la raison, son seul outil de travail. Ce qui le conforte dans sa démarche c’est l’ouverture régulière du paysage cognitif qui s’offre à lui à chaque nouveau col passé. L’apprentissage du doute dès le plus jeune âge est le meilleur rempart contre toutes les formes d’intégrisme et de fanatisme. Pour toujours plus d’humanité, c’est le doute (et la réflexion qu’il engendre) qu’il faut conforter chez les jeunes au lieu d’une quelconque croyance ou obéissance irréfléchie.

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


#38612
HUMILITÉ Humilité, humilité, humilité ! Avec son doute systématique, la science est une merveilleuse école d’humilité. À l’orgueil du « guérisseur », qui prétend guérir, elle oppose l’humilité du médecin, qui soigne du mieux qu’il peut dans le but de guérir, tout en sachant qu’il ne peut pas être sûr d’atteindre ce but. De même, à l’orgueil du croyant, qui prétend connaître la vérité ou, du moins, connaître le chemin vers la vérité, elle oppose l’humilité du chercheur, qui sait qu’il ne peut que s’approcher pas à pas, à l’aveugle ou presque, d’une hypothétique vérité ultime, sans jamais l’atteindre. C’est pourtant cette humilité qui s’avère être, de loin, la plus féconde. C’est la remise en question permanente qui permet d’avancer. De goutte d’eau en goutte d’eau, la recherche qu’elle motive finit par remplir des océans de savoir. « Les connaissances, c’est la science, et la science ne saurait admettre la moindre hypocrisie, la moindre présomption ; ce qu’elle exige, c’est assurément le contraire : l’honnêteté et la modestie » (Mao Tsé-Toung, De la pratique et de la contradiction) Il faut toutefois reconnaître que, si le chercheur, dans sa pratique, exerce nécessairement cette modestie, prix inévitable à payer pour la fécondité, il garde au fond de lui quelque chose qui ressemble à de l’orgueil : le pari fou de l’intelligibilité ! Il est convaincu que sa raison peut venir à bout d’une multitude immense d’interrogations sur l’Univers et sur son fonctionnement. Il éprouve une certaine fierté à découvrir ces secrets du monde restés cachés jusqu’à ce qu’il les découvre. Il faut dire, à sa décharge, que ce pari fou de l’intelligibilité est presque toujours gagné ! Quand ce sujet émerge dans une conversation, j’ai coutume de comparer le chercheur à un pilote automobile. À lui aussi, il faut, pour gagner, un moteur puissant et performant : c’est cette sorte d’orgueil « bien placé » qui le fournit. Mais, sans des freins eux-aussi puissants et performants, il partirait dans le décor au premier virage : c’est l’humilité qui fournit ces freins. Et tant pis pour la contradiction !

Gérard Santarini
(Croire ou savoir ?: Petites graines de réflexion pour un monde meilleur)


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Le contenu de cette page a été mis à jour pour la dernière fois le samedi 7 janvier 2023.
Il était alors 18:24:42 (Heure de Paris, France, planète Terre - Univers Connu).
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