Seth Messenger : Citations de Laurent Alexandre

Laurent Alexandre a dit :

(Langue maternelle)
Laurent Alexandre
(Citations)
#37922
S'il n’y a aucun lien entre ADN et intelligence... je vais vous confier un chimpanzé à la naissance et vous allez lui apprendre les mathématiques ! Puisque seul l’environnement compte, et que l’ADN n’a aucun rôle ... ce sera facile.

Laurent Alexandre
(Source inconnue)


#37923
De naturelle et acceptée, la mort va devenir scandaleuse. Tout comme on n’admet plus que quiconque meure d’une maladie pour laquelle il existe un traitement, on ne considère plus l’accident comme un risque de la vie mais comme l’effet d’une négligence ou d’une faute. De même, la mort va devenir inacceptable parce que, s’il existe des moyens de prolonger indéfiniment la vie, les populations en viendront naturellement à exiger que la Sécurité sociale prenne en charge les moyens existants pour éviter la mort.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37924
Les progrès technologiques effacent rapidement la frontière entre la chimie et la biologie, entre la matière et la vie. Il faut bien comprendre que, à l’échelle du nanomonde, il n’y a aucune différence entre une molécule chimique et une molécule « vivante ». La fusion de la biologie et des nanotechnologies transformera le médecin en ingénieur du vivant et lui donnera, décennie après décennie, un pouvoir inouï sur notre nature biologique.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37925
La science devait éliminer la dernière pathologie qui lui résistait encore : la "maladie mentale" des bioconservateurs et autres terroristes bioluddites. Le cancer philosophique des technophobes écologistes, islamistes et autres militants de l'éclairage à la bougie résistait à la cancérologie 2.0. Le monde était coupé en deux. Le vieil affrontement idéologique entre le communisme et le capitalisme, qui avait déterminé le cours du XXe siècle, avait cédé la place à un conflit autrement plus violent et sournois opposant transhumanistes et technophobes ultra-violents. Gagner cette guerre n'était pas une option mais une nécessité. Les candidats à la vie éternelle méritaient un monde sécurisé, débarrassé de la racaille 1.0. Le camp du bien, dont Google et le gouvernement américain étaient les leaders, œuvrait dans ce but par tous les moyens.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37926
Les définitions de la liberté et de l’égalité, le droit, la justice seront bouleversées. Nos repères philosophiques et moraux vont trembler sur leurs bases : l’évolution exponentielle des révolutions technologiques ne nous laissera pas le temps de souffler. Les changements de paradigmes seront incessants, et nous devrons en quelques décennies digérer plus de changements radicaux que l’Humanité au cours de toute son histoire.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37927
Pour chaque enfant, l'éducation nationale doit se poser une question : à l'heure où l'IA est déjà mille fois plus rapide qu'un grand généticien du cancer, que dois-je faire de toi et où dois-je te mener ? Une certitude doit nous guider : imaginer que l'IA n'est qu'une mode serait une grave erreur. Il n'y a pas de retour en arrière possible.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37928
Un joueur de loto a une chance sur quatorze millions d’empocher le gros lot. Les chances de tomber au hasard sur une mutation génétique qui permettra de mieux affronter son environnement et de survivre sont plus faibles encore. C’est pourquoi l’équilibre naturel repose sur une durée de vie la plus courte possible, en fonction des espèces, et une succession rapide des générations. Ensuite, il repose sur un nombre de coups de dés élevé par génération : en moyenne, sur les cinq cents derniers millions d’années, il y avait un survivant sur mille à chaque génération, toutes espèces confondues. Autrement dit, un seul individu (plantes, champignons, animaux…) sur mille à deux mille congénères arrivait à l’âge de la reproduction. Les autres correspondent à des essais ratés.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37929
Un tsunami, terme japonais, est une vague importante et inhabituelle qui déferle sur un rivage et emporte tout sur son passage, dûe à un séisme, une éruption volcanique sous-marine ou un glissement de terrain. Après un abaissement étrange du niveau de la mer, il provoque un mur d’eau qui s’élève en quelques secondes et détruit tout sur son passage.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37930
Il n’y a pas de fatalité en matière d’avenir, mais des logiques profondes qui peuvent être infléchies, à certaines conditions. S’il n’est pas certain qu’une prise de conscience de la neurorévolution soit suffisante pour orienter son cours, il ne fait en revanche aucun doute que rester dans l’ignorance et le déni est le meilleur moyen d’aboutir au pire des scénarios. Celui d’un monde ou l’Homme subirait son futur. Celui d’un monde inégalitaire ou seuls les meilleurs sortiraient vainqueurs, laissant la multitude à la merci d’une neurodictature.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37931
L’intelligence est le moyen dont l’humanité a été pourvue par l’évolution darwinienne pour survivre dans un environnement sauvage. Grâce à elle, nous dominons désormais le monde et la matière. Cet héritage ancestral, fruit de millions d’années d’évolution et de sélection, est notre actif le plus précieux. L’attention et l’énergie que chaque génération consacre à sa transmission sont immenses. Dans certaines classes sociales, elle est même une obsession permanente conditionnant l’ensemble des choix de vie : lieu de résidence, fréquentations, alliances matrimoniales, loisirs. L’éducation est la clé de voûte de ce travail de transmission. Si elle consiste largement en l’acquisition de l’instruction, c’est-à-dire des savoirs utiles à la vie en société, elle n’a de sens que complétée par l’habileté à mobiliser les connaissances et à les associer. C’est ce que l’on nomme l’intelligence.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37932
Le premier homme qui vivra mille ans est peut-être déjà né.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37933
Tout athlète sait qu’un sprint et un marathon correspondent à deux gestions de l’énergie tout à fait différentes : le sprinteur donne toute l’énergie disponible en une dizaine de secondes pour gagner la course, mais le maintien d’une telle vitesse sur une longue distance est très difficile. La nature a choisi la technique du sprint car il est vital pour l’espèce que les individus arrivent le mieux et le plus vite possible jusqu’à la puberté. Jusqu’à l’âge de la reproduction, notre organisme subit d’importants stress biologiques qui usent nos cellules.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37934
Et sur cette carte du monde de la data, l'Europe n'existe effectivement pas, ou très peu. Je pense que le retard accumulé ne se résorbera pas. Et je pense que les parents pour qui ce sera possible devront se poser la question d'envoyer leurs enfants étudier sur les bords du Pacifique. Dans ce monde, la fuite en avant est la règle. Et ne pas courir, c'est prendre le risque d'être bouffé par les autres. De devenir une colonie numérique et culturelle.

Laurent Alexandre
(Source inconnue)


#37935
Les métiers à fort contenu cognitif, sans composante manuelle, vont aussi être gravement touchés d'ici 2030 : le radiologue ou le développeur informatique, par exemple. Ces métiers de manipulation de symboles vont connaître la concurrence de l'intelligence artificielle du fait des progrès foudroyants du Deep learning. La mort de la profession radiologue est une question d'années : la machine va bientôt réaliser leur travail beaucoup mieux qu'eux !

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37936
Mais Google a de gros atouts dans cette course à l'éducation 2.0 : on ne ment pas à Google alors que l'on ment massivement sur Facebook. E Google possède la plus grande base de données mondiale sur le psychisme humain : nos 4 000 milliards de requêtes annuelles livrent tout de notre fonctionnement cognitif et seront un matériaux extraordinaire pour industrialiser l'apprentissage.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37937
Il est rassurant de constater qu’il n’y a pas de corrélation entre chômage et robotisation. Les deux pays les plus robotisés du monde sont le Japon et l’Allemagne où règne le plein-emploi. Mais les plus pessimistes font remarquer que ces pays sont confrontés à un terrible choc démographique. En raison de la persistance d’un faible taux de natalité, la population japonaise diminue et l’Allemagne ne va pas tarder à connaître le même sort, malgré l’immigration. En d’autres termes, dans ces pays, les robots ne remplacent pas les travailleurs mais compensent la pénurie de main-d’œuvre. Chaque année 800 000 jeunes Français se présentent sur le marché de l’emploi. Seront-ils mis en concurrence avec les robots dopés à l’IA faible ?

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37938
L’intelligence est l’inégalité que la société corrige le moins bien aujourd’hui. À l’heure où les « plafonds de verre » sont combattus avec détermination – sexe, origines ethniques et sociales –, elle est la dernière frontière de l’égalité. Une frontière qui va être abolie dans les décennies qui viennent.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37939
A l'image du brave maréchal-ferrant laminé par l'essor du moteur à explosion, Julius Turing était un homme du XIXème siècle. Un personnage obsolète, néanmoins capable d'accepter le sens de l'Histoire et le caractère inéluctable de son évolution. J'étais l'automobile et il était le cheval. L'avenir m'appartenait.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37940
Le corps n’est pas une machine mécanique, en ce sens que ses cellules se renouvellent sans cesse, à l’exclusion de la plupart des neurones. En réalité, deux phénomènes sont enchevêtrés. Le vieillissement du corps freine le renouvellement des cellules et, parallèlement, la détérioration des cellules et leur moindre capacité à se diviser provoque le vieillissement de l’organisme.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37941
La définition de la mort a beaucoup évolué. Elle peut être brutale ou survenir comme aboutissement du processus de vieillissement. Aujourd’hui, elle est constatée quand le cerveau est définitivement lésé. L’ancienne définition, l’arrêt du fonctionnement du cœur, n’a pas survécu à la réanimation cardiaque : on peut être réanimé et donc vivre après un arrêt cardiaque.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37942
Le bien-vieillir est un beau combat qui ne doit pas être vécu comme un échec désespérant. La sagesse cultivée très tôt dans notre vie doit ainsi permettre de vivre notre fin de façon joyeuse. Nous devons à cette vision lucide et positive de la vieillesse et de la mort une meilleure prise en charge des mourants depuis une quinzaine d’années. ..

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37943
La mort a été socialisée et exorcisée au moyen des discours religieux qui lui accordent une place centrale quoiqu’à la signification variable. Pour les catholiques, les morts sont appelés auprès de Dieu ; pour les musulmans, la mort réalise le destin ; pour les hindouistes et les bouddhistes, l’Homme se réincarne et son passage sur terre en temps qu’humain n’est peut-être pas sa première vie.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37944
Il est facile d’impressionner, encore plus de faire peur, quand on aborde le sujet de l’avenir de l’Humanité. Mais mon objectif n’est pas de jouer au prophète de malheur.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37945
Mais aujourd'hui, l'IA ressemble encore à un autiste atteint d'une forme grave d'Asperger qui peut apprendre le bottin téléphonique par cœur ou faire des calculs prodigieux de tête mais est incapable de préparer un café....

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37946
Bien sûr, nous n'allons pas utiliser l'immense quantité d'intelligence à notre disposition pour se contenter de fabriquer des espadrilles et des brouettes : à pouvoir démiurgiques, objectifs démiurgiques. Les fantasmes transhumanistes sont bien plus fondamentaux : tuer la mort, comprendre nos origines, conquérir le cosmos, augmenter nos capacités. Et ils vont mobiliser des milliards de nos descendants pendant très longtemps. L'humanité va se découvrir d'innombrables nouveaux objectifs. La simple exploration et colonisation d'une seule petite galaxie - la Voie lactée - sur 500 milliards devrait prendre au minimum 50 millions d'années. Quel que soit le degré d'automatisation de nos sociétés futures, il restera un immense besoin de travail ultra-qualifié, ultra-multidisciplinaire et ultra-innovant. Une infinité d'expériences et de missions sont à inventer. Nous avons du travail jusqu'à la fin des temps. Et si l'on est transhumaniste, on peut ajouter que nous aurons encore plus de travail à ce moment-là pour empêcher l'univers de mourir.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37947
_ Connais-tu le paradoxe du menteur ? _ Je ne crois pas. _ Si j'écris sur une feuille de papier l'affirmation suivante : "Toutes les affirmations sur cette page sont fausses" , quelles conclusions en tires-tu ? _ J'en conclus que ces affirmations sont vraies, dis-je. _ Bien ! Mais si elles sont vraies, c'est que toutes ces affirmations sont effectivement fausses ...

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37948
Le sacrifice de soi ne fait plus guère partie des valeurs enseignées aujourd’hui aux enfants. On lui préfère la prudence, la sécurité, l’égalité, la tolérance ; autant de valeurs de compromis à l’exact opposé de celles du martyre. On peut faire le pari qu’à ce supplément de vie qui sera offert, peu résisteront, comme aujourd’hui peu de vieillards refusent les médicaments qui prolongent de quelques mois leur vie, si ennuyeuse soit-elle.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37949
L’homme, comme les autres espèces, n’est pas à l’abri de la régression : elle a déjà commencé sur des caractères qui ne sont plus soumis à la pression de sélection. Un exemple parmi d’autres : la perte de l’odorat. Notre sens de l’odorat est aujourd’hui dix mille fois moins puissant que celui d’un chien.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37950
Nécessité fait loi, la résignation face à la mort a longtemps été la règle. La seule croyance que partage l’Humanité est celle que nous allons tous mourir, toujours.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37951
La zone Atlantique qui avait été la plaque tournante de l'influence mondiale a désormais perdue sa prééminence. Le centre économique, scientifique et politique du monde se situe désormais dans la zone Asie Pacifique. C'est en Chine et dans la Silicon Valley que se prennent aujourd'hui les décisions qui conditionnent l'évolution des technologies qui formatent le monde de demain.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37952
Serait-il moral, par exemple, d'interdire à un paysan tanzanien pauvre, qui n'a guère été défavorisé par son environnement, d'augmenter le QI de ses enfants pour qu'ils fassent des études ? Au nom de quelle morale pourrions-nous l'empêcher ?

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37953
Les bases de l’IA avaient été posées dès 1940, par Alan Turing, qui en 1942-43 cassa les codes d’Enigma, la machine de cryptage des messages secrets des Allemands, et permit ainsi aux Alliés de connaître les informations stratégiques des ennemis .

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37954
Le lieutenant O’Ryan alluma une nouvelle cigarette pour tuer le temps. Il attendait depuis une heure devant la porte d’un colonel des services secrets britanniques. Sa formation était achevée. Il avait subi trois semaines d’entraînement physique avec des centaines d’autres hommes triés sur le volet. On l’avait jaugé, évalué psychologiquement, testé sous toutes les coutures dans un camp militaire isolé au fin fond du Yorkshire. Il avait été jugé apte à rejoindre le MI6, la branche du SIS (Secret Intelligence Service) chargée des activités d’espionnage à l’extérieur du pays. Terminé la surveillance des cocos à la sortie des usines de Liverpool et de Manchester, fini l’interception du courrier, les intrusions chez les particuliers et les interrogatoires de sous-fifres. Dans quelques jours, il serait nommé capitaine, assigné au MI6. John O’Ryan allait voir du pays au service de Sa Majesté.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37955
Il se posta devant l’écran de visioconférence sans écouter le briefing de ses conseillers Asie. Le président chinois, un gai luron dans le privé – il ne lésinait pas sur les drogues de synthèse et les parties fines –, était comme d’ordinaire habillé en croque-mort dans le cadre de ses fonctions officielles. Ses cheveux laqués noirs, parfaitement lisses, semblaient couverts d’une peinture métallisée automobile.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37956
Chaque journée commençait par une douche froide, y compris en plein hiver, dans une grande salle carrelée ouverte à tous les vents. Je devais me concentrer de toutes mes forces pour ignorer le corps nu de certains de mes camarades. Le froid glacial était un allié précieux, m’évitant la mort sociale qu’une érection malencontreuse aurait provoquée. Je n’avais pas besoin de ça pour être la tête de Turc de Sherborne. Je passais l’épreuve matinale de la douche et des vestiaires en réfléchissant à des problèmes mathématiques, aux dernières vexations subies en classe ou sur les terrains de sport, chassant de mon esprit le corps d’Apollon de Peter Sloane, roi incontesté des épreuves d’athlétisme, ou le pénis massif et circoncis d’Alan Weinberg, un fils de tailleur londonien intarissable en blagues salaces.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37957
Les services secrets avaient été créés pour lutter de l’intérieur contre la propagation du mal. Tous les coups étaient permis. Pour le lieutenant O’Ryan comme pour ses collègues, cette confrontation invisible était une guerre qui ne disait pas son nom. Les rouges étaient des criminels prêts à trahir leur patrie pour importer la dictature du prolétariat. Malgré de nombreuses tentatives, les États-Unis et l’Angleterre n’avaient pas réussi à faire tomber le régime communiste de Moscou. La droite russe avait été pulvérisée par Staline, qui détenait le pouvoir absolu. À présent, le combat contre la pandémie gauchiste se déroulait dans les rues de Londres, de New York ou de Paris. La peur et la paranoïa gagnaient quotidiennement du terrain. Pour chaque leader d’opinion rouge victime d’un « accident malheureux » ou envoyé en prison, dix autres apparaissaient sur les estrades à la sortie des usines, sommant les foules de rejoindre la lutte. Le MI5 embauchait à tour de bras pour endiguer la montée du péril rouge.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37958
Ma nouvelle passion solitaire accentua encore mon statut de paria social, provoquant l’inquiétude de ma mère et de mon frère. Mon père se contenta d’un étonnement détaché, sans doute préoccupé par les difficultés financières qui le frappaient depuis son retour au pays. L’âge d’or de la colonisation touchait à sa fin. Celui de la science démarrait. Son monde s’écroulait au profit de l’industrialisation, de l’automobile, de l’électricité, du téléphone, de la découverte de la radioactivité et des rayons X. Les révolutions s’enchaînaient. En France, une femme avait même décroché le prix Nobel de chimie. Mon père était un pragmatique, une seule chose lui importait : peut-être son fils pourrait-il obtenir un travail solide et correctement rémunéré s’il poursuivait dans cette voie. À l’image du brave maréchal-ferrant laminé par l’essor du moteur à explosion, Julius Turing était un homme du XIXe siècle. Un personnage obsolète, néanmoins capable d’accepter le sens de l’Histoire et le caractère inéluctable de son évolution. J’étais l’automobile et il était le cheval. L’avenir m’appartenait.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37959
Edwin Brewster avait réponse à tout, et remettait en cause avec autorité les inepties que j’entendais le dimanche à l’église, où ma mère me traînait. Ainsi, la vie n’était pas le fait de Dieu, mais de la division des cellules. Le cerveau était une machine intelligente qu’on bâtissait brique par brique pendant son enfance, en étudiant à l’école. Les êtres vivants étaient des machines qui, par le plus grand des mystères, parvenaient à leur forme définitive suivant un plan invisible. Une première cellule de pivoine se divisait, encore et encore, des millions de fois, et devenait une fleur mature. Un œuf d’Ethel Stoney fécondé aux Indes par Julius Mathison Turing devenait Alan Turing. Les briques de vie s’empilaient, se conjuguaient, collaboraient dans un mécanisme parfait pour former un homme, la plus complexe et disruptive des machines à l’œuvre à la surface du globe.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37960
C’est un livre qui a changé le cours de ma misérable existence, l’année de mes dix ans. Un ouvrage américain intitulé Natural Wonders Every Child Should Know. Son auteur, Edwin Tenney Brewster, m’a ouvert les yeux sur un monde inconnu, mystérieux et passionnant : la science. Les portes de la perception se sont entrouvertes et je me suis faufilé entre les battants pour ne plus jamais en sortir. La science était le refuge idéal, un abri étanche à la médiocrité du monde dans lequel mon esprit pouvait vagabonder.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37961
Dès mon plus jeune âge, ceux qui croisaient ma route me prenaient pour un fou. J’étais un vilain petit canard, incapable d’assimiler les conventions sociales les plus banales. Tout Anglais de la classe moyenne se devait d’avoir l’air d’un gentleman. Pour mon grand malheur, j’avais les manières d’un garçon de ferme. On me reprochait d’être dans la lune, mal fagoté, couvert de taches d’encre. Mes cheveux étaient toujours en bataille et mes ongles trop longs. Je n’entrais pas dans le moule, et mon incapacité chronique à m’entendre avec les enfants de mon âge n’arrangeait pas ma réputation de candidat à l’asile. J’ai appris à lire seul pour briser ma solitude. À l’âge de cinq ans, les conversations et les centres d’intérêt des autres m’ennuyaient déjà. Je tuais le temps en jouant aux échecs contre moi-même et en lisant n’importe quel livre qui tombait entre mes mains.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37965
L’hélicoptère électrique atterrit en douceur sur le toit du Googleplex. Sergey Brin bondit hors de l’appareil. Comme chaque matin, son assistant personnel et trois gardes du corps l’attendaient. Une pluie fine tombait sur Palo Alto. Sergey ignora l’abri d’un parapluie que lui proposait un des gardes et marcha d’un pas vif vers l’entrée. — Bonjour, monsieur le président, lança son assistant en accélérant le pas à ses côtés. Votre voyage en Europe s’est bien passé ? — J’ai mal dormi. Ces fichues turbulences… Ils entrèrent dans la nouvelle aile du Googleplex, le bâtiment le mieux gardé des États-Unis, construit sur un ancien aérodrome de l’US Air Force. L’immense building en béton armé avait la superficie de cinq terrains de football et comptait six niveaux, dont trois en sous-sol. Toute l’information numérique du monde transitait par les trois millions de serveurs qui vrombissaient dans ses entrailles. Le cœur numérique de l’humanité battait dans cette cathédrale de fibre optique en provenance de chaque ville, de chaque rue, du génome de chaque individu connecté.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#37966
Le 20ème siècle aura été le moment par excellence où deux visions extrêmes se sont opposées à cet égard, chacune ayant eu des conséquences dramatiques. D'un côté, le communisme reposant sur l'idée que l'Homme est avant tout culture et cherchant à nier la part naturelle de l'individu. Si tout est culturel, il est en effet possible de rééduquer l'Homme, de le rendre meilleur même contre sa volonté. De l'autre côté du spectre idéologique, la vision fasciste croit avant tout en la force de l'inné. Rien ne pourra alors par définition abaisser la race supérieure, ni sauver la race inférieure, la conséquence logique étant l'exaltation inconditionnelle de la première et l'élimination monstrueuse et froide de la seconde.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37967
Rien de ce que nous faisons n'est réellement altruiste : nous agissons toujours pour avoir des bénéfices secondaires psychiques. Augmenter notre production cérébrale d'endorphines est notre seul moteur. Mais ce constat troublant ne doit pas conduire à être misanthropes et cyniques : ce n'est pas parce qu'on est altruiste par égoïsme neurobiologique qu'il ne faut pas l'être.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37968
L’économiste Alfred Sauvy faisait remarquer : « Ne vous plaignez pas que le progrès technique détruise des emplois, il est fait pour ça. » A la fin du XIXe siècle, on percevait assez bien les menaces qui pesaient sur les cochers, les maréchaux-ferrants, les porteurs d’eau, les allumeurs de réverbère, les lavandières, les taillandiers et forgerons. En revanche, personne n’imaginait qu’il y aurait dans le futur des concepteurs de microprocesseurs, des généticiens, des physiciens nucléaires, des chirurgiens cardiaques, des pilotes d’avion, des webmasters, des astrophysiciens. Plus la révolution est profonde, et celle que nous vivons avec les technologies NBIC est particulièrement vertigineuse, plus il est difficile d’anticiper les innombrables nouveaux métiers. Cependant les suppositions révolutionnaires ne manquent pas : designer de bébé, neuro-hacker, terra-formateur de planète, neuro-éducateur, psychologue pour IA, etc.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37969
La transmission du savoir ne peut pas signifier la même chose au XXIe siècle qu’auparavant. À la limite, son problème s’est inversé : c’est l’adulte qu’il faut à présent initier aux nouvelles technologies et à qui il faut inculquer les nouvelles clés de lecture du monde. Cela ne veut pas dire que les jeunes n’ont plus besoin d’enseignement. Le contenu des savoirs nécessaires pour comprendre notre monde doit être repensé : les technologies NBIC deviennent des savoirs incontournables de l’honnête homme du XXIe siècle. Surtout, l’école elle-même, en tant que technologie de transmission de l’intelligence, est d’ores et déjà une technologie dépassée qui vit ses derniers instants.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37970
Le deep learning utilise l’apprentissage supervisé, comme un bébé, mais son architecture interne est différente. Avec son « réseau de neurones », il met en œuvre une machine virtuelle composée des milliers d’unités que sont ces neurones numériques. Chacun effectue de petits calculs simples. C’est l’agrégation de ces milliards de petits calculs qui donne la puissance et la capacité d’interactions, moteur de l’intelligence artificielle. Et l’intelligence artificielle a besoin de faire des erreurs pour apprendre. Erreurs dont nous comprenons de moins en moins bien l’origine.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37971
Du temps de l'URSS de Staline, des centaines de scientifiques ont été envoyés au Goulag pour avoir osé soutenir qu'une partie de notre être était biologiquement déterminée. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#37972
l'IA qui naît va concurrencer de nombreuses activités humaines. L'obsolescence du cerveau actuel devient plus qu'une crainte: une évidence.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37973
...Nous sommes dans une course de vitesse pour sauver la démocratie, hackée par la technologie.

Laurent Alexandre
(L'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?)


#37974
D’ores et déjà, de nombreux intellectuels bioconservateurs s’inquiètent, peut-être à juste titre. Francis Fukuyama, le brillant philosophe américain et ancien conseiller du président George W. Bush, demande purement et simplement l’interdiction immédiate des biotechnologies... avant qu’il ne soit trop tard ! (condamneraient l’Homme et ses valeurs à disparaître.)

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37975
Nous sommes à la veille d’un bouleversement qui fera passer l’ensemble des progrès médicaux du XXe siècle pour des micro-événements. ... La fracture numérique restera cependant un épiphénomène, comparé à la grande « fracture génétique » qui s’annonce pour les années 2030.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37976
La question n’est plus de savoir si la bataille contre la mort sera victorieuse ou non, mais quels seront les dégâts collatéraux de cette victoire sur la définition de notre Humanité.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#37977
Les lignes morales bougent vite, très vite. Ce qui semble absurde et dérangeant peut en quelques années devenir évident et normal. Et réciproquement.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37978
Les bourgeois ont imposé la vaccination et l’hygiène car les microbes des pauvres les menaçaient ; les élites de 2050 craindront que les gens moins doués ne détruisent l’ordre social. Le neurorenforcement sera le successeur de l’hygiénisme pasteurien.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37979
La religion transhumaniste pourrait imposer sa loi en quelques décennies, ses apôtres sont déjà, dans les faits, les nouveaux maîtres du monde. Ils ont entre leurs mains les deux pouvoirs : celui de l’argent, grâce à leurs immense réserves de cash, et celui de la donnée, qui fonde le pouvoir politique, savoir depuis toujours, c’est contrôler. Les institutions traditionnelles sont dépassées.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37980
A la fin du XIX siècle, on percevait assez bien les menaces pesant sur les cochers, les conducteurs de diligence, les maréchaux-ferrants, les vingt-neuf mille porteurs d’eau parisiens, les allumeurs de réverbère, les lavandières, les taillandiers et forgerons. En revanche, personne n’imaginait qu’il y aurait, dans le futur, des designers de microprocesseurs, des généticiens, des physiciens nucléaires et astrophysiciens, des techniciens dans les usines Tesla, des chirurgiens cardiaques, des pilotes d’avion, des webmasters et des fabricants de smartphone. Plus la révolution technologique est profonde plus il est difficile d’anticiper les innombrables nouveaux métiers. Les idées révolutionnaires ne manquent pas : designer de bébé, neuro-hacker, terra-formateur de Mars, neuro-éducateur, psychologue d’intelligence artificielle.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37981
Malgré tout, l’hypothèse de la victoire politique d’un parti techno-conservateur ne peut pas être écartée. L’élection de Donald Trump en 2016 aux Etats-Unis a illustré la force d’un électorat déboussolé face au nouveau monde qui émerge. Plus les mutations économiques seront profondes et viendront nourrir le désarroi sur le marché du travail, plus les partis proposant des solutions simplistes pour que tout redevienne comme avant vont prospérer.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37982
Le risque que les GAFA instituent une dictature neurologique en manipulant notre cerveau paraît minime car les géants du numérique comme Google sont imprégnés de culture démocratique. En revanche, rien ne garantit que ce soit le cas de tous entre les mains desquels le contrôle de l’intelligence artificielle et les neuro-technologies atterriront. D’ailleurs les BATX sont totalement contrôlés par le pouvoir chinois, qui contrairement aux GAFA est imprégné de culture autoritaire.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37983
A quoi ressemblera concrètement cette intelligence artificielle supérieure ? Difficile de le concevoir … avec notre intelligence à nous. Par définition, elle saura se reprogrammer, c’est-à-dire déterminer elle-même ses propres objectifs et penser par elle-même. Elle saura aussi assurer par elle-même ses moyens de subsistance, son approvisionnement en énergie.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37984
Dans les années 1950, Isaac Asimov proposait les trois lois fondamentales servant de base à une future Charte des robots : « La première loi stipule qu’un robot n’a pas le droit de faire du mal à un humain, et ne peut rester passif devant un humain en danger. La deuxième loi précise qu’un robot doit obéir aux ordres des humain, sauf si ces ordres son en contradictions avec la première loi. La troisième loi stipule qu’un robot doit protéger sa propre existence, dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec les deux premières lois. »

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37985
Notre société va au-devant de trois crises. Une crise sociale dès la diffusion d’une intelligence artificielle faible ultra compétitive face à nous. Une crise éthique, lorsque la neuro-augmentation deviendra nécessaire. Une crise existentielle enfin, lorsque l’intelligence artificielle nous défiera dans ce que nous sommes en tant qu’individus et êtres humains.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37986
En matière de musique, Jacques Attali avait deviné, il y a déjà longtemps, qu’à l’heure du MP3, la musique numérique deviendrait quasi gratuite et que seuls les concerts conserveraient de la valeur. La prophétie s’est réalisée : les abonnements de streaming donnent un accès illimités à des millions de titres pour quelques euros et les artistes vivent des concerts, ce qui n’était pas le cas en 1970.

Laurent Alexandre
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#37987
La régulation démocratique deviendra difficile. Les transhumanistes auront deux avantages cruciaux : ils seront vite plus intelligents parce qu'ils seront les premiers à accepter le neuroenhancement et ils finiront par être majoritaires parce qu'ils vivront plus longtemps. Mécaniquement les transhumanistes prendront le pouvoir politique et économique.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37988
Du fait d'immenses écarts de productivité, la concurrence est très inégale entre les deux écoles : il faut trente ans pour produire un ingénieur ou un radiologue en chair et en os ; quelques instants pour éduquer une intelligence artificielle, lorsque les bases de données nécessaires sont disponibles.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37989
Notre cerveau est un outil remarquable, polyvalent, et économe en énergie, mais au débit limité à quelques octets par seconde. En 2017, deux ordinateurs échangent déjà 1 000 milliards d'informations par seconde. On passera pudiquement sur le fait que l'intelligence artificielle ne dort pas, ne mange pas, ne vieillit pas, voyage 300 000 kilomètres pas seconde et peut se subdiviser en quelques millièmes de seconde. Notre ordinateur fait de viande est affligé sur ces points d'un handicap fondamental face aux cerveaux de silicium.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37990
Si l'on y réfléchit, le travail humain est structurellement plus coûteux que celui d'une machine, à partir du moment où sa diffusion aura permis une baisse de son prix de revient, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, l'humain ne peut travailler pleinement que quelques heures par jour. La machine, en revanche peut travailler de façon ininterrompue pendant des années, est beaucoup plus rapide, ne tombe pas malade, n'a pas besoin de vacance, de retraite, ne fait pas grève.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#37991
Pour les courants transhumanistes, la naissance, parce qu’elle est hasardeuse, trahit une faiblesse de l’humain qu’il faudrait surmonter. On invoque volontiers le film Bienvenue à Gattaca comme argument pour signifier le désirable en matière de procréation technologisée : si la technologie doit nous rendre parfait, elle doit en effet supprimer cette part hasardeuse de la naissance représentée par la rencontre aléatoire de deux gamètes d’où naît l’enfant. [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#37992
Le clivage gauche/droite semble dépassé au XXIe siècle. Demain, l'opposition entre bioconservateurs et transhumanistes pourrait structurer l'espace biopolitique. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#37993
Devant le fantasme d'immortalité, on comprend que la mort seule donne un sens humain à la vie et on plaint ceux qui consentent à l'absurdité d'une survie abstraite, en éliminant. [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#37994
La volonté d'en finir avec le hasard et le ferment de tous les totalitarismes. Volonté de faire advenir et d'imposer un homme nouveau, présentant les dispositions qui le rendront malléable, docile et prévisible. Volonté d'interdire l'histoire qui comporte forcément les aléas liés au fait de la finitude et de la liberté. Volonté de réaliser une supposée perfection qui interdise au temps lui-même de produire du nouveau. [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#37995
En mars 2016, Ray Kurzweil, directeur du développement de Google, a déclaré que nous utiliserions des nanorobots intracérébraux branchés sur nos neurones pour nous connecter à Internet vers 2035. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#37996
"Dans environ quinze ans, Google fournira des réponses à vos questions avant même que vous ne les posiez. Google vous connaîtra mieux que votre compagne ou compagnon, mieux que vous-même probablement", a fièrement déclaré Ray Kurzweil, lequel est également persuadé que l'on pourra transférer notre mémoire et notre conscience dans des microprocesseurs des 2045, ce qui permettrait à notre esprit de survivre à notre mort biologique. L'informatique et la neurologie ne feront qu'un ! [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#37997
À terme, un être humain qui refuserait d'être hybridé avec des circuits électroniques ne serait guère compétitif sur le marché du travail. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#37998
La régulation des technologie d'amélioration de l'humain m'évitera pas l'examen de ses conséquences socio-anthropologique et elle devra faire droit aux questions philosophiques - à ces questions que le profane est de plus en plus disposé à accueillir : faut-il vouloir supprimer le hasard dans la condition humaine ? Contrôler l'évolution n'est-t-il pas à terme, mortifère, si l'on songe à faire disparaître la diversité et l'hybridation du vivant ? Fabrique-t-on des êtres autonome en les soumettant à des formats et à des normes extérieures ? [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#37999
Face à la déferlante de la Silicon Valley, l'État est sidéré et piétine à la vitesse d'un sénateur. Les débats politiques récents sont pathétiques par rapport aux enjeux dont nous parlons. Il est urgent de rénover le pilotage démocratique, devenu prisonnier de la tyrannie du court terme, qui se révèle incapable de penser la révolution NBIC. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38000
Toutes les démocraties s'exposent à déraper, soit dans l'anarchie soit dans la tyrannie. C'est un sombre pronostic, qui remonte à Platon. Au XIXe siècle, Tocqueville ne s'était pas montré plus encourageant, en formulant une prophétie que notre temps paraît réaliser : la démocratie produira des individus qui s'effaroucheront de plus en plus devant leur liberté et devant l'instabilité du monde qu'elle entretient , ils se sentiront de plus en plus fragiles et insécurisés. Résultats ils réclameront toujours davantage l'intervention de l'État (l'État-providence est insensiblement un État-tutélaire) et laisseront installer un despotisme mou qu'il les débarrassera du souci d'être libres. [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#38001
Les totalitarismes du 20e siècle ont hélas exploité la pente glissante sur laquelle s'abandonnent les démocraties quand elles négligent de se prémunir contre la démission politique de leurs membres. Ils sont allés très loin, en prétendant créer, de toutes pièces, un homme nouveau qui serait débarrassé de l'histoire, puisqu'on lui aura mis dans la tête qu'il a atteint la perfection...- [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#38002
Aldous Huxley avec son Meilleur des mondes et George Orwell avec son 1984 nous avaient vaccinés, pensait-on, contre les mirages d'un bonheur insoutenable. Non, on ne laisserait plus se développer un monde qui manipulerait humain et le rendrait docile, à force de propagande et d'amnésie dirigée... Mais on n'avait pas prévu que, si l'horizon politique révolutionnaire (brun, noir ou rouge) n'était heureusement plus attractif pour personne, les sciences et les technologies pourraient prendre le relais et nous annoncer le bonheur pour demain, voire la relève par quelconque posthumain. [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#38003
Loin d'avoir tiré les leçons des totalitarismes, on assiste à une sensibilité croissante aux annonces en faveur d'une fabrication de l'humain, d'une manipulation de son génome et de ses humeurs, d'une suppression de ses angoisses existentielles et du hasard qui les aiguise, des raisons de croire son immortalité concevable... Déchiffrées à la lumière de la critique des totalitarismes qu'ont menée les Raymond Aron, Claude Lefort, Cornelius Castoriadis, Marcel Gauchet ou encore Hannah Arendt, les promesses de renouveau proclamées par les transhumanistes ont de quoi atterrer les plus crédules ! [Jean-Michel Besnier]

Laurent Alexandre
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#38004
Beaucoup d'intellectuels, comme Jacques Attali, souhaitent l'instauration d'un gouvernement mondial , je pense que c'est une connerie. [...] Un centre de décision unique pourrait conduire à un système totalitaire, puisque personne ne pourrait y échapper. Il est vital de maintenir plusieurs pôles géopolitiques afin de garantir une concurrence idéologique. La nécessité des contre-pouvoirs et du pluralisme s'impose pour la biopolitique comme aujourd'hui pour la politique traditionnelle. Il faut pouvoir fuir quelque part ! [...] Un monde où la régulation des sciences et du cerveau serait décidée à l'échelle planétaire ne laisserait plus aucune échappatoire. En cas de dérapage totalitaire des neurosciences, où pourrait-on s'exiler ? Il n'y aurait plus aucun espace non soumis au pouvoir neurobiotechnologique central. Il s'agit bien d'un cauchemar pour nos libertés. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38005
Après la mort de la mort, la science se consacrerait à combattre la mort de l'Univers. La cosmogenèse artificielle mobiliserait toute l'énergie de l'Humanité dans les prochains milliards d'années. Après la régénération de nos organismes vieillissant par les cellules souches, la régénération cosmologique viserait à rendre l'Univers immortel ou substituable. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38006
Le transhumanisme est l'ultime étape de l'évolution de la pensée religieuse, qui a connu trois étapes. D'abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du Livre. Aujourd'hui émerge un troisième âge : l'homme-dieu. Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg - "Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver" - est une évidence. Dieu n'existe pas encore : il sera l'homme de demain, doté de pouvoirs quasi infinis grâce aux NBIC. L'homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire : créer la vie, modifier notre génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38007
En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion : le dalaï-lama se passionne pour la neurothéologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme serait-il la religion intermédiaire avant l'ère transhumaine ? [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38008
Trois expérimentations, dont la dernière publiée dans Current Biology le 19 février 2015, ont permis d’augmenter les capacités intellectuelles de souris en modifiant leur ADN avec des segments de chromosomes humains ou en leur injectant des cellules cérébrales humaines. Les conséquences seront vertigineuses. Comment empêchera-t-on les disciples de Brigitte Bardot de commander un chien plus intelligent, plus empathique, plus humain ? Il se trouvera toujours des territoires bienveillants à l’égard des demandes d’amélioration cognitive des animaux. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38009
Nous avons quasiment éradiqué la trisomie 21 en trente ans, bien que les trisomiques soient doux, aient une expérience de vie normale et ne souffrent pas. Pourquoi ferions-nous demain autrement avec les autres pathologies ? [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38010
On offrira bientôt aux parents le rêve d’un enfants fabriqué à la carte. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
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#38011
La technologie va permettre aux homosexuels d’avoir des enfants biologiques porteurs de gènes des deux parents, comme les couples hétérosexuels. La technique des cellules souches IPS permet de fabriquer des spermatozoïdes et des ovules à partir de fibroblastes, des cellules que l’on trouve sous la peau. Il est déjà possible de fabriquer un souriceau à partir de deux pères. Le passage de ces techniques à l’espèce humaine est juste une question de temps, et les associations homosexuelles militeront pour que ce délai soit bref. [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#38012
Quand tout est possible, l'être humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l'absence de contraintes est source de désarroi. L'idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l'illusion de sa toute-puissance, qui est mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, psychiatre est un métier d'avenir ! [Laurent Alexandre]

Laurent Alexandre
(Les robots font-ils l'amour ?)


#38013
Pour Kevin Kelly, cette variété des intelligences est comparable à une symphonie où des centaines d'instruments apportent chacun un son particulier, aucun ne pouvant être réduit à un autre. « Nous avons plusieurs types d'intelligences : le raisonnement déductif, l'intelligence émotionnelle, l'intelligence spatiale, il y en a peut-être cent types différents, qui sont tous regroupés et dont la force varie selon les individus. Et bien sûr, concernant les animaux, ils en ont tous un autre panel, une autre symphonie d'intelligences différentes, et quelquefois ils ont les mêmes instruments que les nôtres. Ils peuvent penser de la même façon, mais s'organiser différemment et sont parfois plus performants que les humains, comme la mémoire à long terme de l'écureuil est phénoménale, car il peut se rappeler où il a enterré ses noix. Et dans d'autres cas, ils le sont moins. »

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38014
Même l'enseignant le plus traditionnel ne peut plus ignorer le développement des MOOC (Massive Online Open Course) : des cours vidéo mis en ligne, assez souvent gratuitement. Les MOOC se sont d'abord développés dans les universités américaines, et spécialement les plus prestigieuses d'entre elles, comme Harvard ou Yale. Qui ne connaît pas aujourd'hui la Khan Academy ? En 2004, Salman Khan a commencé à créer de petits vidéos pour aider sa cousine en mathématiques. En 2013, la Khan Academy était suivie tous les mois par plus de 6 millions d'inscrits... (...) Créée en 2012, Coursera propose par exemple plus de sept cent cours venant d'institutions telles que le MIT, Stanford, HEC, Polytechnique, l'École polytechnique de Lausanne...

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38015
L'intelligence fait partie de ces termes que chacun utilise sans être capable de le définir précisément. Le mot est dérivé du latin "intelligere" signifiant "connaître". Le mot latin lui-même est un composé du préfixe inter ("entre") et legere ("choisir, cueillir") : étymologiquement, l'intelligence est donc la capacité à trier les éléments disponibles - cueillir ceux qui sont pertinents - et à les lier entre eux. C'est « l'ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle » (Dictionnaire Larousse). Elle est ce qui permet de connaître le monde. L'intelligence utilise les informations fournies par les sens pour travailler, mais est aussi capable de prendre du recul face à elles, d'en déceler le caractère trompeur afin de les interpréter correctement.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38016
Des normes éthiques devront donc être inculquées à l'IA : plus les automates seront autonomes, plus ils devront résoudre des dilemmes moraux. C'est d'autant plus urgent que nous sommes chaque jour plus dépendants de l'IA. C'est déjà elle qui choisit les informations que nous consommons : Twitter, Facebook et Google sont pilotés par l'IA. Le philosophe Roger-Pol Droit propose d'expliquer les nuances du fonctionnement humain aux robots pour éviter des catastrophes. Intéressante proposition, mais qui d'entre nous est capable d'expliciter parfaitement les soubassements éthiques de ses décisions ? Sans compter que les normes éthiques, c'est tout leur complexité, sont souvent en conflit les unes avec les autres. La morale est une science inexacte, pleine de contradictions et d'à-peu-près. Tout le contraire d'un calcul informatique et d'une équation.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38017
Une des avancées les plus significatives du deep learning a eu lieu en 2012, quand Google Brain a été capable de "découvrir", par lui-même, le concept de chat. Cette fois, l'apprentissage n'était pas supervisé. En pratique, la machine a analysé, pendant trois jours, dix millions de captures d'écran issues de YouTube, choisies aléatoirement et, surtout, non étiquetées. À l'issue de cet entraînement, le programme avait appris lui-même à détecter des têtes de chats et des corps humains. « Personne ne lui a jamais dit que c'était un chat. Ça a marqué un tournant dans le machine learning », a expliqué Andrew Ng, fondateur du projet Google Brain, dans les colonnes du magazine Forbes.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38018
Notre société va au-devant de trois crises. Une crise sociale dès la diffusion d'une IA faible ultra-compétitive face à nous. Une crise éthique, lorsque la neuroaugmentation deviendra nécessaire. Une crise existentielle enfin, lorsque l'IA nous défiera dans ce que nous sommes en tant qu'individus et êtres humains. L'école - ou plutôt l'institution qui lui succèdera -, aura la tâche de répondre à ces trois défis.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38019
L'école, sous sa forme actuelle, va mourir. Ce qui reste à déterminer, en revanche, est la façon plus ou moins douloureuse dont elle disparaîtra. Si elle fait trop de résistance, elle risque d'empêcher les enfants, spécialement ceux issus des milieux plus modestes, de profiter rapidement des bénéfices d'un accès inédit à l'intelligence. Surtout, il faut comprendre que la réinvention de l'école sera la condition d'un sauvetage bien plus fondamental : celui de l'humanité tout entière. Car la nouvelle école que nous allons inventer devra nous permettre de relever le défi immense de notre utilité dans un monde bientôt saturé d'Intelligence Artificielle.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38020
De HAL 9000, dans 2001, l'Odyssée de l'espace, à R2D2 ou Z-6PO dans Star Wars, l'image du robot redoutable ennemi ou fidèle compagnon est depuis longtemps un incontournable des films d'anticipation. Mais personne n'imaginait que l'Intelligence Artificielle puisse devenir un objet contemporain, traversant l'écran pour atterrir dans notre vie réelle. Et pourtant, l'IA s'est imposée en quelques années comme le principal vecteur des bouleversements qui ont lieu aujourd'hui dans le monde. En vingt ans, nous avons été propulsés du Bi-bop au smartphone, du minitel à la 5G, du tamagotchi à AlphaGo. Internet ou les réseaux sociaux paraissent en réalité des stades presque anecdotiques d'évolution technologique sur lesquels l'IA s'appuie. Elle est partout et ses progrès sont fulgurants. Notre société, déjà, ne saurait plus s'en passer ; elle en devient même plus dépendante à chaque instant.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38021
Le monde a connu trois grandes révolutions technologiques et économiques en deux siècles. La première s'étend de 1770 à 1850, avec les premières usines puis la machine à vapeur et le réseau de chemin de fer. La seconde de 1870 à 1910, avec la naissance de l'aviation, de l'automobile, de l'électricité et de la téléphonie. Ces inventions ont changé le monde autour des réseaux électriques et de transport. La troisième révolution a débuté vers 2000, avec l'arrivée des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives) qui vont bouleverser l'humanité. La dimension révolutionnaire des nanotechnologies tient au fait que la vie elle-même opère à l'échelle du nanomètre - le milliardième de mètre. Une échelle jusqu'alors hors de portée pour nous. La fusion de la biologie et des nanotechnologies va transformer l'Homme en ingénieur du vivant et lui donnera un pouvoir fantastique sur notre humanité.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38022
Les philosophes des lumières du XVIIIème siècle décrivaient un bel avenir, affranchi du poids de la religion, plein de promesses. Demain serait plus beau : plus libre, plus moderne, plus éthique. A l'inverse, les informaticiens qui sont apparus à partir de 1950 ont toujours eu la réputation d'être des geeks polarisés - parfois à tort - d'être des autistes de type Asperger. A partir des années 1980, les rôles se sont inversés. Les informaticiens sont devenus porteurs d'un discours enchanteur, magnifiant les pouvoirs futurs de l'Homme. Nous deviendrons immortels, nous coloniserons le Cosmos, nous déchiffrerions notre cerveau.

Laurent Alexandre
(La guerre des intelligences)


#38023
Le communisme était un cancer idéologique, un virus invisible et sournois, infiniment plus dangereux, qui rongeait la société de l’intérieur. Je mettais cette hostilité sur le compte de la jeunesse et de la naïveté de ce pays, qui réagissait avec l’impulsivité maladroite d’un adolescent débordant de testostérone.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38024
La question juive obsède Hitler ! Les sources dont je dispose le confirment. Ce psychopathe pense qu’ils sont la cause de tous les maux et qu’il convient de les éradiquer jusqu’au dernier. Il est en mission. Aucune menace diplomatique ne l’arrêtera. Il exterminera les Juifs jusqu’à la destruction totale de ses armées et la chute de son régime... Y en aura-t-il encore un seul à sauver si nous attendons de marcher sur Berlin ?

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38025
Mon pantalon troué au genou tenait grâce à une ficelle nouée autour de la taille. Il manquait un bouton à ma chemise froissée, j’avais des épis dans les cheveux et une barbe de trois jours. Je n’avais jamais compris comment les gens trouvaient le temps de se livrer à des activités aussi futiles que d’aller chez le coiffeur ou de cirer leurs chaussures.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38026
La Suisse était neutre et entretenait des relations diplomatiques avec tous les pays, y compris l’Allemagne, comme si de rien n’était. Le minuscule pays était devenu un nid d’espions, le paisible QG des services de renseignements au cœur d’une Europe à feu et à sang. Il n’y avait pas de meilleur endroit au monde pour lancer des rumeurs. L’écho des montagnes amplifiait le signal jusqu’à Berlin et Moscou dans la minute.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38027
Lorsqu’on lui parlait, Church ne répondait pas toujours immédiatement. Les mots semblaient lentement cheminer vers son cerveau, avant d’être minutieusement analysés par ses neurones. La réponse arrivait parfois plusieurs minutes plus tard, quand on ne l’attendait plus. Il s’exprimait sans hâte, en articulant soigneusement chaque mot, comme s’il lisait les pages d’un livre à un enfant malentendant.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38028
Mourir dans la force de l’âge à cause d’une bactérie n’était pas acceptable. Cruelle nature. Elle ne traite pas mieux le poète que le scorpion, ainsi que le disait Christian de Duve. La techno-médecine avait fini par avoir sa peau : on ne mourait plus de maladies, on reprogrammait désormais l’ADN sur catalogue, et l’hybridation de l’homme et de la machine progressait à toute berzingue.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38029
— Quelle différence faites-vous entre les communistes, les socialistes, les bolcheviks, les trotskistes, les anarchistes ? — Il s’agit de métastases du même cancer installé à Moscou, mon colonel.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38030
D’une manière ou d’une autre, les pulsions sexuelles régissaient l’essentiel de nos vies en dehors des cours. Les filles et le sexe étaient au centre de toutes les discussions. « Baiser une femme » était une obsession, le fantasme ultime de chacun des pensionnaires.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38031
Les rouges étaient des criminels prêts à trahir leur patrie pour importer la dictature du prolétariat. Malgré de nombreuses tentatives, les États-Unis et l’Angleterre n’avaient pas réussi à faire tomber le régime communiste de Moscou. La droite russe avait été pulvérisée par Staline, qui détenait le pouvoir absolu. À présent, le combat contre la pandémie gauchiste se déroulait dans les rues de Londres, de New York ou de Paris. La peur et la paranoïa gagnaient quotidiennement du terrain. Pour chaque leader d’opinion rouge victime d’un « accident malheureux » ou envoyé en prison, dix autres apparaissaient sur les estrades à la sortie des usines, sommant les foules de rejoindre la lutte.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38032
J’allais parfaire mes connaissances en mathématiques, physique et chimie, et construire mon cerveau brique par brique, neurone par neurone. J’étais une machine en cours de construction, un work in progress, une forme d’intelligence en mutation permanente. Le revers de la médaille était la vie en internat, dans un établissement réputé pour sa rigueur quasi militaire. Je ne pouvais me soustraire à la sélection darwinienne de la vie en pension, où « seuls les plus forts survivent », avait cru bon de me préciser mon père. « La vie est une jungle, Alan. Il te faudra jouer des coudes pendant toute ton existence pour avoir une place au soleil. »

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38033
Dès mon plus jeune âge, ceux qui croisaient ma route me prenaient pour un fou. J’étais un vilain petit canard, incapable d’assimiler les conventions sociales les plus banales. Tout Anglais de la classe moyenne se devait d’avoir l’air d’un gentleman. Pour mon grand malheur, j’avais les manières d’un garçon de ferme. On me reprochait d’être dans la lune, mal fagoté, couvert de taches d’encre. Mes cheveux étaient toujours en bataille et mes ongles trop longs. Je n’entrais pas dans le moule, et mon incapacité chronique à m’entendre avec les enfants de mon âge n’arrangeait pas ma réputation de candidat à l’asile.

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38034
« La société pardonne souvent au criminel, jamais elle ne pardonne au rêveur. » Oscar Wilde

Laurent Alexandre
(L'Homme qui en savait trop)


#38035
Chaque société, selon les époques, obéit à un ensemble de normes particulières et à sa propre vision de ce qu’est une vie bonne. On appelle « morale » cet ensemble de normes et cette vision. Dans l’Antiquité, l’enfant grec apprenait dès son enfance qu’il n’y avait rien de plus beau ni de plus désirable que de participer en citoyen à la direction de sa cité et, le cas échéant, de mourir pour elle au combat.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


#38036
Les transgressions de demain, induites par la grande convergence NBIC, passeront dans les mœurs de la même manière : par l’émotion. Qui n’a pas vu un homme politique, après un drame particulièrement choquant, plaider par médias interposés pour que telle loi soit adoptée dans les plus brefs délais ? Un chien tue un bébé ? On fait d’urgence une loi sur les chiens méchants. Un manège de foire tombe ? On bouleverse le calendrier législatif pour voter une loi sur les manèges, quand bien même la réglementation est déjà drastique et l’accident imprévisible.

Laurent Alexandre
(La mort de la mort)


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